« Frankenstein » de Mary Shelley

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Résumé :

Victor Frankenstein, scientifique genevois, est recueilli sur la banquise par un équipage faisant route vers le Pôle Nord. Très tourmenté, il livre son histoire au capitaine du bateau : quelque temps auparavant, il est parvenu à donner la vie à une créature surhumaine. Mais celle-ci sème bientôt la terreur autour d’elle…

Mon avis : ♥♥♥♥♥

En véritable mythe, Frankenstein est dans tous les esprits… Et pourtant sa lecture apporte tellement plus que la légende créée par la rumeur populaire. Rumeur qui a même fait fusionner le monstre et son créateur sous le même nom, le tristement célèbre Dr Frankenstein. Mary Shelley, femme intellectuelle et brillante de son époque, a su mêler les genres avec brio en nous cédant une fine analyse des débordements de la science et de l’éthique inhérente à celle-ci. In fine, cet oeuvre est un splendide pamphlet tragique sur la solitude et l’inhumanité ainsi qu’une réflexion métaphysique poussée sur le monde laïcisé qui n’a plus de Dieu pour se limiter. 
De son époque littéraire, Mary fait se joindre toutes les subtilités en nous offrant les genres les plus en vogue de son temps en un seul ouvrage. Ainsi :
  • le roman épistolaire comme récit-cadre avec les lettres de Walton, mais aussi le roman d’aventure avec son expédition dangereuse en mer.
  • le roman d’apprentissage via le monstre déambulant dans la vie et ses désillusions.
  • le roman sentimental à travers l’amour d’Elizabeth et Frankenstein.
  • Enfin, le romantisme passant par l’obsession du savoir des deux personnages clés (à savoir, Frankenstein et Walton) et le roman gothique si cher à cette époque !
Un mélange subtilement réparti qui nous offre une merveille de la littérature gothique, ou de ce qui est défini comme le premier roman de science-fiction. Les émotions vont crescendo et lorsque l’on se penche un peu sur la vie de l’auteure, elles sont encore accentuées par la sensation de lire une oeuvre qui se livre à coeur ouvert, sans détours et en toute conscience de ses souffrances. On ne peut que se plonger corps et âme dans l’envie de vengeance du monstre, né sans nom et rejeté par son créateur, et qui malgré une profonde bonté ne subira que les pires affronts par la race humaine… peureuse face à l’étrange ou face à l’étranger. On en vient même à se demander qui est le véritable monstre ? Le créateur ou la créature, mais aussi peut-être humanité toute entière. Qui est vraiment celui qui mérite la potence ? Pour ma part, j’ai fait mon choix et celui-ci me ronge le coeur. Je m’indigne et je souffre près de celui que mon coeur voudrait sauver !!! Je vous laisse choisir et voir par vous même, car sincèrement si vous n’avez pas encore tenté l’aventure de ce prométhée – ou Faust – moderne, allez-y sans crainte, sauf peut-être pour vos émotions…

A voir également, « Mary Shelley » sorti récemment. Il met en avant la fragilité et la force de l’auteure dans une vision très poétique et saisissante de son amour pour Percey Shelley et de sa solitude grandissante… jusqu’à sa frénétique écriture de « Frankenstein ».

« Ne doutez pas de la capacité d’une femme  de connaître
le deuil, la trahison, la mort »

 

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« Le Cercle des Poètes disparus » de N. H. Kleinbaum

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Résumé :

A Welton, un austère collège du Vermont, dans les années 60, la vie studieuse des pensionnaires est bouleversée par l’arrivée d’un nouveau professeur de lettres, M.Keating. Ce pédagogue peu orthodoxe va leur communiquer sa passion de la poésie, de la liberté, de l’anticonformisme, secouant la poussière des autorités parentales, académiques et sociales.
Même si le drame – le suicide d’un adolescent – déchire finalement cette expérience unique, même si Keating doit quitter le collège, il restera pour tous celui qui leur a fait découvrir le sens de la vie.

Mon avis : ♥♥♥♥♥

Bon alors déjà, un grand MERCI à Nath de Mes Lectures du dimanche pour m’avoir convaincu d’enfin le lire. Depuis le temps que j’en entends parler et que je ne me lance pas ! Grâce à toi, maintenant, je fais partie du Cercle 😀
Je m’en allai dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte. Je voulais vivre intensément et sucer toute la moelle de la vie.
Mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, pour ne pas découvrir, à l’heure de ma mort, que je n’avais pas vécu.
Quel merveille que ce roman ! Quel pépite ! Pourquoi n’est-il pas étudié ?! Par peur d’anti-conformisme peut-être ?!! C’est d’ailleurs tout l’enjeu de cette histoire. On y rencontre un professeur, Mr Keating, non seulement brillant dans sa matière (la littérature – oui en plus haha) mais aussi – et surtout – un professeur de vie qui va essayer de faire naître les enfants de sa classe. Une renaissance, ou plutôt une vrai naissance, qui sous-entend la véritable valeur de leur être et de ses désirs ; et non plus celle du besoin de la société de nous mouler et de nous diriger. « Oh oui ! Avocat, c’est prestigieux ! Tu feras ça mon fils ! », « Brille dans tes études si tu veux devenir quelqu’un ! ». Devenir quelqu’un ! Sentence sociétale ! Sentence assassine ! Mr Keating va au contraire laisser ces enfants devenir eux-même. Un sacré pamphlet contre le conformisme, et même un homme que l’on aurait qualifié d’hérétique plusieurs siècles en arrière et brulé sur le bûcher. Ici, pas de bûcher mais néanmoins des têtes coupés et une société qui continue de rejeter l’individualité – non pas l’individualisme qui la galvanise – je dis bien l’individualité : vous savez cette part de magie que chaque être à en lui-même, cette originalité qui le rend unique ! Voilà le sujet de ce roman, le besoin d’une Amérique de tuer les individualités pour créer une société empirique qui fonctionne sur les codes sociaux et la hiérarchie face à un homme qui se dresse. Si la société fonctionnait de façon censée, je dirais même que Mr Keating serait la personnification de la statut de la Liberté ! Le symbole suprême de la Liberté elle-même !
Bon… je m’égare je crois. Pardon, mais quel bonheur que cette lecture et les débats soulevés ! Quelle émotion que la magie de ses pages ! Et, je finirai avec les mots de celui qui dans le film joue le professeur Keating… Un grand homme avec lequel mon enfance a souri et dont le sourire reste gravé dans ma mémoire. Un homme apparaissant dans tous les films cultes de ma génération, tous les films tendres pleins de belles émotions et de beaux sentiments… Mr Robin Williams… RIP. Ce sourire enfantin me manquera toujours…

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Un seul conseil : lisez-le, offrez-le et surtout partagez-le avec vos enfants !

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« Fucking Business » de Do Raze

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Résumé :

Bleu tue pour une organisation secrète qui a pour seul objectif de maintenir son pouvoir sur le monde. Trop talentueuses, trop avant-gardistes, trop dangereuses pour l’oligarchie, les victimes sont sacrifiées sur l’autel du capitalisme. Bleu est ce qu’on appelle un tueur à gage corporate.
Mais alors qu’il se prépare à éliminer sa trente-cinquième victime, son monde si bien organisé se met à vaciller.
Avec la puissance que seul un polar d’anticipation peut offrir, Do Raze livre une vision effroyablement pertinente sur notre monde et la fracture générationnelle que nous sommes en train de vivre.

Mon avis : ♥♥♥♥

Dans un premier temps, je remercie Agnès Chalnot et HC Editions pour l’envoi de ce service-presse. Un roman que je suis ravie d’avoir découvert et sur lequel je n’aurais pas nécessairement arrêté mon choix dans le commerce 🙂 De plus, je tiens à présenter mes excuses pour le retard de la chronique – comme vous le savez, les examens ainsi que le stress qui en découle m’ont dans un premier temps laissé peu de temps, puis après coup, un besoin d’éloignement de tout ce qui était lié à la lecture… Repos intellectuel oblige !
Mais revenons à notre roman… Voici une brillante vision de la société décadente qui est la nôtre, et surtout une belle analyse d’un des éléments déclencheurs de cela : notre cher – ou plutôt cher à nos politiciens – et tristement célèbre CAPITALISME ! Fucking Business donc ! On suit Bleu, tueur corporate, dont le métier est de tuer physiquement, psychologiquement ou socialement des personnes devenant gênantes car trop brillantes. Un triste réalisme nous arrive en pleine tronche. A travers Bleu, on suit également sa Shadow, petite tueuse en herbe qui apprend le métier. Un métier qui paye, un métier dont Bleu et Shadow semblent ravi… jusqu’à ce contrat. Un contrat qui fait tout basculer !
J’ai aimé l’univers mis en place par l’auteur, son air de ne pas y toucher alors que ce roman est profondément politique. Un cri contre le capitalisme et ses fonctionnements qui gangrènent les esprits et les valeurs humaines laissant apparaître une société orgueilleuse, envieuse et cruelle. Les personnages sont rock’n’roll, surtout la petite killeuse pas si petite que cela ! On se plait ainsi à les suivre et à en apprendre plus sur eux, un véritable plaisir qui s’accompagne de l’envie de connaître le dénouement de cette sale affaire dans laquelle est Bleu. En clair, j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman !
Néanmoins, j’ajoute qu’à certains moments j’ai trouvé un essoufflement dans l’intrigue mais je laisse cela tout de même un peu en suspens au vue de mon besoin de souffler qui a surement joué dans cette sensation. Je ne développerais donc pas ce point plus que cela 🙂

« Toutes blessent la dernière tue » de Karine Giebel

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Résumé :

Maman disait de moi que j’étais un ange. Un ange tombé du ciel. Ce que maman a oublié de dire, c’est que les anges qui tombent ne se relèvent jamais. Je connais l’enfer dans ses moindres recoins. Je pourrais le dessiner les yeux fermés. Je pourrais en parler pendant des heures. Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler…
Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin…
Frapper, toujours plus fort. Les détruire, les uns après les autres. Les tuer tous, jusqu’au dernier.
Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures. Un homme dangereux. Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique. Qui est-elle ? D’où vient-elle ?
Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite ! Parce que bientôt, tu seras morte.

Mon avis : ♥♥♥♥♥

En premier lieu, je tiens à remercier Agnès Chalnot et les éditions Belfond pour l’envoi de ce roman. Je remercie également l’auteur pour l’envoi ainsi que sa gentille dédicace qui m’a fait chaud cœur !
Impressionnante que cette auteure ! Ce fût pour moi un baptême et grâce à ce SP, j’ai rencontré une auteure dont l’histoire et les personnages de ce dernier opus me resteront gravés en mémoire mais également une auteure qui ne tardera pas à remplir mes étagères 🙂 Je suis encore toute chamboulée de cet horrible et délectable roman….
Tama, comme on l’appelle, ou de son vrai nom ***** – pour le savoir, il faut le lire et attendre la page 732… Mouhahaha – a été vendu par son père lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant. Lui certainement persuadé que cette dame a l’air si doux et gentil, la tristement inhumaine Mejda, permettrait à sa fille d’obtenir le meilleur en France, à savoir aller à l’école, avoir des diplômes, un eldorado français en somme. Mais tout ceci est sans compter sur la noirceur humaine. Tama est alors donnée en esclavage – en pâture –  à une famille bourgeoise qui n’aura de cesse de la maltraiter, des injustices toutes plus horribles les unes que les autres… La Maison du Diable ! L’enfer sur terre ! L’enfer en vivant !  Je m’arrête ici pour le synopsis de peur de vous en révéler de trop mais je pense que vous avez saisi le topo, on suit la vie de cette jeune fille/enfant – si toutefois on peut nommer cela ainsi – et ses rencontres, ainsi qu’en parallèle celle d’un homme, Gabriel, dont vous ne saurez ici que le prénom, à contrario de la douce Tama…
Autant vous annoncer la couleur immédiatement, j’ai avalé – Oui ! C’est bien le mot – ces 736 pages en 2 jours et demi et chaque fois que je posais le livre il m’appelait pour en savoir la suite. Karine Giebel est une magicienne des mots, des tournures et des figures de styles. Des ellipses qui nous induisent en erreur, des allégories humaines de la rédemption, de la luxure, de l’horreur, une double narration passant gaiement de l’interne à l’externe ou encore la transposition de fable, l’art de la rhétorique du récit doublé de l’art du roman noir contemporain. Un mélange explosif.
Si l’histoire m’a saisi et complètement hypnotisé, je suis également tombée tendrement amoureuse de Tama. Une envie viscérale m’a remué les tripes durant la totalité des pages : la sauver, la prendre dans mes bras, la cajoler, lui montrer que la vie peut être autre chose que cela ! Je dirais même que j’ai refermé le roman avec la tristesse de l’avoir fini, de ne plus l’entendre me parler, un sentiment qu’on aimerait ressentir pour chaque livre mit entre nos mains. Une chose est sûre, je ne pourrait jamais oublier Tama !
Mais toutefois malgré cette déferlante d’éloges, il y a un petit bémol, tout petit : la violence des scènes. J’avais été mis en garde avant de le commencer, mais il est vrai que je ne m’attendais pas à autant d’horreur. On ressent la peur et la malsanité vicieuse des scènes où Tama sent prend plein la figure… Des scènes qui pour certaines m’ont soulevés l’estomac et d’autres m’ont fait sauter deux lignes ! Je ne pouvais pas, c’était au dessus de mes forces de lire tant de douleur et de déchaînements de violence. Néanmoins, je sais que cela existe malheureusement alors je ne peux que « féliciter » l’auteure de mettre en lumière un sujet sombre si peu abordé avec tant « d’objectivité ». Une objectivité crue qui lacère le cœur et anime un monticule d’émotions : la haine, la compassion, la rage, la pitié, l’horreur, l’incrédulité, l’indignation…
Qu’ajouter à cela ! Si vous êtes prêt à tant d’émotions et que vous avez le cœur accroché… N’hésitez surtout pas ! Mais avant, n’oubliez pas que vous ne ressortirez pas indemne de ces lignes et que tout comme moi, il y a de fortes chances pour que Tama reste dans votre tête pour longtemps, voire même ad vitam aeternam !

 

« Les Retournants » de Michel Moatti

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Résumé :

Août 1918. Vasseur et Jansen ont décidé de fuir. Quitter le front de la Somme et ne pas mourir dans les derniers assauts de cette guerre qui n’en finit plus. Alors qu’ils s’éloignent des tranchées sous de fausses identités, les deux lieutenants scellent leurs destins. Ils se connaissent mal, mais Jansen comprend très vite que son complice est un psychopathe prenant un plaisir insupportable aux crimes qu’ils doivent commettre. Ils trouvent refuge au domaine d’Ansennes, une étrange propriété à l’abri de la guerre et du monde. Là vivent un vieil industriel ruiné, sa fille Mathilde, poitrinaire et somnambule, et la très secrète Nelly Voyelle, leur domestique. Mais déjà, François Delestre, dit “le Chien de sang”, un capitaine de gendarmerie traqueur de déserteurs, est sur la piste des deux hommes. Comme les limiers de chasse au flair infaillible, il a la réputation de ne jamais lâcher sa proie…

Mon avis : ♥♥♥♥

Dans un premier temps, je tiens à remercier HC Éditions et Agnès Chalnot pour l’envoi de ce roman en service-presse ! Quel délice de recevoir chez soi le dernier opus d’un auteur apprécié 🙂 Alors encore merci à vous !
Venons-en maintenant au roman lui-même ! On suit ici Jansen et Vasseur dans leur fuite, ou plutôt dans leur désertion du front de la Somme. Des deux protagonistes, l’un se démarque comme le leader, Vasseur un tyran diabolique assoiffé de sang tandis que l’autre est plutôt peureux et se laisse naviguer au gré des décisions du premier. Néanmoins si un message est à retenir sur eux deux c’est qu’il faut se méfier de l’eau qui dort 🙂 Après avoir trouvé le moyen de changer d’identité, ils arrivent à se faire inviter dans une maison, mais la famille qui s’y tient n’est pas au bout de ses peines !
J’ai beaucoup apprécié cette histoire, et notamment ce que j’ai aimé c’est le contexte qu’a choisi l’auteur et sa manière de le traiter. Si le thème de la première guerre mondiale et des entourloupes m’a immédiatement fait penser à « Au revoir là-haut », j’ai également de suite trouvé la patte de l’auteur qui a su se dégager de l’ombre qu’aurait pu lui faire ce Prix Goncourt. De plus, comme c’était le cas dans « Retour à Whitechapel » que j’ai adoré, on sent qu’il a pris grand soin des détails et s’est donc amplement documenté sur la période pour en parler le plus justement possible. Une rigueur et un sens du détail qui chaque fois me ravie dans ses romans !
J’ai également aimé la profondeur des deux personnages principaux, il me semblait presque palpables ainsi que l’atmosphère horrifique et oppressante que l’auteur met en place. Chacun des deux déserteurs ayant une manière différente de continuer à vivre avec les horreurs vues et vécues… Chacun d’eux étant capable du pire après avoir subit le pire. Encore une belle analyse des conséquences psychologiques de cette Grande Guerre. En revanche, la famille qui les accueille et le vieux flic m’ont un peu laissé sur ma faim. Même si je les ai tous apprécié, j’aurai aimé plus de profondeur et de détails sur eux, d’autant plus en ce qui concerne le policier opiniâtre qui pour moi n’a pas pris autant de place qu’il le devait. Malgré cela, cette bande me restera longtemps gravée…
Enfin, pour finir avec le bémol qui m’a le plus perturbé (bon ok pas très rhétorique comme approche sur un livre apprécié – mea culpa…) : le manque de thriller. Bien que je l’ai trouvé dans l’atmosphère, je m’attendais à un thriller plus thriller que cela dans l’intrigue ^^ dit comme cela ça ne veut pas dire grand chose. Mais… J’ai du mal à le formuler autrement. Disons que même si l’ambiance et l’idée du thriller sont présentes, je ne trouve pas qu’il s’agit pleinement d’un thriller, il manque d’action et de suspense pour cela. Vraiment presque rien mais un brin quand même qui du coup a fait un peu chuter ma note ! Il n’en reste pas moins que c’est un excellent ouvrage et que j’en recommande la lecture à tous ceux qui connaissent l’auteur, tout comme à ceux qui ne le connaissent pas encore 🙂

« La servante écarlate » de Margaret Atwood

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Résumé :

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

Mon avis : ♥♥♥♥♥

Voilà une lecture qui me tardait de commencer : entre chroniques retentissantes d’éloges, mise en avant de la série, bordereau accrocheur et mise en perspective du roman comme classique incontournable allant même jusqu’au parallèle avec 1984. Bien sûr que l’on a envie ! Bien sûr que l’on se lance bourré d’attentes !
Et là, je pense que vous voyez où je veux en venir… J’ai été déçu. Nullement par l’écriture elle-même ou l’histoire mais par une ribambelle de détails qui au final deviennent de véritables arguments et m’ont laissé perplexe, voire colère, en refermant le livre [vous voyez le : « tout ça pour ça ?! »] Néanmoins, je vais quand même commencer cette chronique avec le positif car il y en a, évidemment !
On suit Defred dans un monde où les femmes devenues objets sont : pour certaines utilisées comme mères porteuses et ballottées de foyers en foyers au rythme des contrats qui se présentent ; et pour d’autres, épouses devant regarder leur mari faire un enfant à une autre. Rentabilisation des naissances et hiérarchisation ainsi qu’attribution des devoirs conjugaux. Le sexe rangé comme moralement abject et devant être réalisé sans plaisir par le bas de l’échelle, la cuisine par d’autres et l’épouse, au plus haut, n’ayant que la possibilité d’être une épouse… A savoir, ne rien faire de spécial et regarder le temps passer dans l’attente qu’une servante écarlate donne naissance à l’enfant qui deviendra le sien. Triste monde en somme, mais brillante idée de dystopie !
De plus, l’auteur nous offre une écriture fluide et rythmée très agréable. Donc comme je vous le disais histoire OK et écriture OK. Mais alors où est le problème me direz-vous ? Et bien, là où le bât blesse c’est dans le point de vue adopté par l’auteur, la mise en perspective de l’action. Bien sûr ceci est très subjectif. Mais pour ma part, j’ai trouvé que l’adoption d’une introspection comme point de départ et de déroulement de l’intrigue est dommageable pour l’histoire, d’autant plus qu’il s’agit d’une dystopie. Ainsi, on suit magnifiquement bien les ressentis et l’enfermement vécus par Defred, de ce côté rien à redire, c’est poignant ; en revanche, le monde dystopique autour ne prend jamais vraiment de substance… Il reste une idée vague autour du personnage sans jamais vraiment nous sauter aux yeux de manière réelle et c’est cela qui m’a particulièrement gênée, car j’attendais beaucoup plus venant d’une dystopie dont le premier objectif est tout de même une description d’un monde fictionnel sombre…
J’en viens donc ici au parallèle fait avec 1984 d’Orwell que je trouve dénaturé. Cette brillante dystopie n’a absolument pas le même fonctionnement dans le choix narratif ainsi qu’au niveau de sa position politique. Si La servante écarlate est un manifeste du féminisme se battant pour les libertés des femmes en pointant du doigts les dérives possibles et en mettant en scène quasiment que des personnages féminins ; a contrario 1984 pointe du doigt le totalitarisme dans son excès soulignant ainsi l’atmosphère d’après-guerre ainsi que la vision obscure de l’avenir après le carnage subit et l’ombre de la guerre froide. Mais surtout, 1984 joue son rôle dystopique à souhait, n’utilisant Winston – son personnage principal – que comme fil conducteur pour parler du monde qui l’entoure qui d’ailleurs dans sa personnification en Big Brother écrase tout sur son passage. L’un est ainsi une vrai dystopie avec un monde sombre et étouffant qui se peint à chaque page de plus en plus, l’autre n’en fait qu’une vague illusion… Malheureusement !
Enfin, pour revenir sur le « tout ça pour ça ?! » ainsi que l’introspection, j’en ressors avec une vrai peinture de la détresse de Defred, poignante et saisissante. En revanche, j’ai trouvé l’histoire de l’héroïne légère dans son évolution de rébellion et son passé simplement effleuré. En clair, selon moi, l’auteure est restée à la surface concernant le passé, le présent et le futur de Defred mais a mis un point d’honneur à décrire les méandres de son âme et de sa solitude. Bien que j’aime l’exercice et la plume… Pour moi, ce n’est pas suffisant !!

« Les chroniques de St Mary – Tome 1 : Un Monde Après l’Autre » de Jodi Taylor

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Résumé : 

Derrière l’innocente façade de St Mary, le secret du voyage dans le temps a été découvert et reste bien gardé. Les chercheurs en Histoire ont ainsi une méthode de travail tout à fait particulière : ils  » étudient ‘en temps réel’ les événements majeurs de l’Histoire « . En se faisant passer pour d’inoffensifs excentriques, ils tentent de répondre à certaines questions qui n’ont jamais été résolues, sans jamais toucher au cours de l’Histoire… au risque d’en mourir.
Madeleine Maxwell, une jeune et brillante historienne est contactée par son ancien professeur afin de rejoindre l’équipe de l’Institut St Mary. Au cours de son étrange entretien d’embauche, Maxwell comprend vite les possibilités qui s’offrent à elle…
De la disparition de Pompéi aux tranchées de la Première Guerre mondiale, du grand incendie de Londres à la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, la jeune historienne va revivre d’extraordinaires événements. Alors qu’au sein de l’institut naissent des enjeux de pouvoir…

Mon avis : ♥♥♥♥♥

Encore une fois, commençons par les remerciements : Merci beaucoup à Agnès Chalnot et HC editions pour l’envoi de ce roman en service presse qui est non seulement pour moi une découverte mais aussi un coup de cœur 🙂
Ce roman qui est le 1er tome d’un saga de 9 a rempli entièrement son contrat ! Je me sens comme à mes 16 ans lorsque je venais de finir un tome de notre grand et célèbre « Harry Potter »… A savoir… Hystérique de ne pas avoir la suite !!! Dans cette histoire, on suit Maxwell (ou Max), historienne dans cet Institut de voyage dans le passé qu’est St Mary, à travers ses aventures farfelues mais aussi fortement « poissardes ». L’auteur a plusieurs cordes à son arc pour nous captiver et nous embarquer dans son monde :
  • Un thème qui intrigue avec le voyage dans le temps et une mise en perspective de celui-ci dans une possible réalité (fiction et réel se brouillent ainsi délicieusement)
  • Un super terrain d’action pour parler de certains événements historiques, lors des missions, qui donne un mariage heureux entre historique et fantastique. Evidemment, ces événements ne sont que « grossièrement » retranscris, il ne s’agit pas d’un traité d’histoire mais je trouve tout de même intéressant ce mariage avec juste ce qu’il suffit pour ne sembler barbant à personne.
  • Une héroïne qui en a dans le pantalon ! Elle est cynique, brute de décoffrage et formidablement forte. Une nana qui assure quoi ! Bien que je l’ai adoré, je tiens à souligner tout de même que l’auteur a tellement misé sur le caractère de Max que les autres personnages passent du coup un peu inaperçus… Mais peut-être que les autres tomes leur permettent de s’épanouir ! A suivre donc 🙂
  • Une rythmique soutenue – à part les 50 premières pages qui sont peut-être un peu longue pour mettre l’histoire en place – avec des actions continuelles. On ne risque pas de s’ennuyer et les personnages non plus d’ailleurs (il me faudrait 2 ans de sommeil après leurs péripéties pour récupérer !!!)
  • Un humour débordant et surtout une fin qui annonce le prochain tome.. Et ça, c’est vraiment vraiment une torture vicieuse 😀
Pour conclure, vous aurez tous compris que j’ai surkiffé (oui, je me lâche !) cette lecture, malgré quelques clichés et « facilités littéraires »,  et que j’attends le tome 2 avec impatience ! En revanche, ne vous faites pas avoir comme moi qui arrivée au milieu du roman, suis allée proposer le livre au CDI du collège où je bosse pour le mettre en rayon et qui vais devoir revenir sur mes paroles – l’air con haha ! (Oui, je raconte ma vie héhé) Malgré sa couverture enfantine et son résumé jeunesse, il y a quand même une scène bien osée-osée donc… pas avant 16 ans je pense 🙂 – rigoriste, moi ? Non du tout mais je pense qu’ils sont assez exposés comme ça au sexe et à la violence avec la TV, alors peut-être un peu finalement !

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« Les Bûchers d’Isabelle la Catholique » de Didier Nebot

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Résumé : 

À travers l’histoire d’une pierre sacrée provenant du Temple de Jérusalem que se transmet de générations en génération la famille Tobias, ce livre relate les épreuves et les souffrances de cette famille juive en Espagne au siècle d’Isabelle la Catholique, jusqu’à son expulsion en 1492 vers le Maghreb.

Mon avis : ♥♥♥♥♥

Me voilà bien perplexe au sortir de cette lecture ! Si j’ai aimé suivre la famille Tobias sur plusieurs générations, j’ai été complètement déçu des derniers chapitres de ce roman et révolté par les deux derniers, ainsi que par le manque de rigueur dans la relecture avant impression de ces pages !
Pour être plus précise, j’ai réellement apprécié la retranscription historique romantisée à travers l’évolution de cette famille juive. C’est un fait que je ne peux pas retirer à l’auteur ! J’étais même encline à mettre une super appréciation à cette lecture car j’ai aimé sa plume à ce niveau…
Mais, Mais, Mais… Bien que l’on apprenne de nombreuses choses sur les mœurs juives d’un point de vue social et religieux ainsi que sur les nombreux massacres qu’ils ont subi, je trouve que le roman manque cruellement d’informations sur le plan politique – à l’exception des derniers chapitres avec l’arrivée d’Isabelle l’Infante (page 365) au pouvoir où là l’auteur nous accable de détails. La vision globale laisse donc le ressenti d’un auteur qui peine à se placer entre le roman et le roman « trop » historique ou essai historique comme l’a souligné le blog Topobiblioteca dans sa chronique de l’ouvrage. A cette ambivalence, vient s’ajouter les trop nombreuses fautes et inversions de mots qui à force rendent la lecture peu « professionnelle ».
Enfin, venons-en au dernier point qui a achevé mon avis et ma note. Les deux derniers chapitres nous renvoient en 2016 où l’on suit un descendant de la famille Tobias. Plusieurs passages de ces chapitres m’ont dérangés, voire révoltés par les propos tenus. Sans trop entrer dans les détails pour ne pas spoiler, j’ai trouvé culotter et même malhonnête de décrire les souffrances d’un peuple pour ensuite mettre les pieds dans le plat concernant le conflit israélo-palestinien. Je trouve dommage que l’auteur mette tant de cœur à témoigner pour rendre l’honneur légitime à ces familles qui ont souffert et en vienne ensuite à presque résumer un conflit qui dure depuis plus de 50 ans en deux chapitres. Ceci n’est aucunement une prise de partie, mon blog n’est pas là pour cela ! Mais je ne peux pas rester insensible à mon ressenti et je pense que ces deux derniers chapitres sont inutiles à l’histoire, d’une analyse grossière et surfaite de la situation, ainsi que limite-limite sur les propos tenus vis-à-vis de la communauté musulmane, voire même potentiellement dangereux dans un contexte sensible qui est le nôtre actuellement !
Je remercie néanmoins Babelio et l’édition Erickbonnier pour l’envoi de cet ouvrage et j’espère que mes propos ne seront ni déformés ni mal interprétés car ils sont tous accompagnés d’un profond respect et d’une envie d’amour, de paix et de fin de scission entre les Hommes !

 

« La fissure » de Jean-Paul Didierlaurent

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Résumé :

Xavier Barthoux mène une vie tranquille et bien réglée entre son épouse, son chien et sa résidence secondaire dans les Cévennes qu’il vient de terminer de payer. La découverte d’une fissure sur la façade de cette maison bouleverse l’équilibre familial.

Mon avis : ♥♥♥♥♥

Dans un premier temps, je remercie une fois de plus Agnès Chalnot pour ce service presse ainsi que la maison d’édition « Au Diable Vauvert ». Je tiens d’ailleurs à dire que j’ai beaucoup aimé la mise en page (notamment les numéros de page sur le côté) et la couverture en relief de ce roman ! Un livre qui de prime abord donne donc déjà envie 🙂
Venons-en maintenant à l’histoire. On suit Xavier Barthoux commercial investi menant une vie tranquille et proprette avec sa femme entre son appartement principal et sa résidence secondaire. Une vie à l’apparence douce et emplie de bonheur simple, pourtant un week-end tout bascule. Au réveil, Xavier s’apprête à boire son café matinal quand son regard s’arrête sur une fissure parcourant le mur de sa maison. Cette micro fissure est le point de départ d’un bouleversement, que dis-je, d’une réécriture totale de sa vie… qui l’entraîne à l’autre bout du monde !
Je me suis régalée avec cette histoire loufoque et entraînante ! Au programme : de l’humour, de la féerie, de l’aventure mais aussi de la remise en question et une profonde réflexion sur le hasard et la synchronicité. Une histoire parfois à dormir debout, mais une histoire tellement bonne que l’on tourne les pages sans vouloir s’arrêter. En clair, un super moment de lecture que je conseille à tous !
Pour approfondir un peu l’analyse, je ne pense pas me tromper en mettant en avant la vision sartrienne de l’homme. Ne serait-ce que par le titre : « La fissure » qui renvoie sensiblement au néant sartrien renfermant notre liberté, entre le « je suis » et le « je pourrai être » traduisant un dédale de possibilité nous permettant de nous réinventer. Puis ensuite avec l’histoire, puisque c’est précisément là où l’auteur entraîne son héros, la réinvention de lui-même. Il me parait donc évident que l’influence du philosophe et de l’existentialisme est présente sous cette jolie plume. De plus, une deuxième idée est venue me titiller au vue du côté loufoque de l’histoire (oui ! oui ! Ici, les nains de jardin parlent !!!) la fissure comme décompensation psychique…  Alors, est-ce de la folie sauce sartrienne ou simplement un ras le bol qui anime notre héros, Mr Didierlaurent ?! Quoi qu’il en soit, je vous félicite et vous remercie pour ce chouette roman !

« Le vol du gerfaut » de Jean Contrucci

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Résumé :

Jean-Gabriel Lesparres, grand auteur français reconnu par tous, est en panne d’inspiration. Bien décidé à ne pas publier un texte qui ne soit pas à la hauteur des précédents, il décide de se faire voler son manuscrit… Jean-Gabriel Lesparres est l’un des plus grands auteurs de son temps. Prix Goncourt, directeur littéraire, membre des plus grands jurys parisiens, il n’a plus rien à prouver à personne… Si ce n’est peut-être à lui-même. Depuis dix ans, il peine à achever son dernier roman, que lui réclame à cor et à cris son éditeur et vieil ami. L’écrivain sait que son texte n’est pas à la hauteur des précédents et refuse de céder à la machine éditoriale. Une idée lui vient alors, qui va modifier le cours de son existence : se faire voler son manuscrit et enterrer définitivement ce projet. Tout se passe à peu près comme prévu, jusqu’au jour où il découvre que son texte va être publié sous le nom d’une jeune auteure inconnue… et par son propre éditeur.

Mon avis : ♥♥♥♥

Avant tout je tiens à remercier Agnès Chalnot et HC Éditions pour ce service presse ! Comme toujours, j’ai apprécié la sobriété de la couverture, les pages et la mise en forme de l’ouvrage. Oh que j’aime cette maison d’édition découverte avec « Retour à Whitechapel » de Michel Moatti  et quel bonheur que ce partenariat 🙂
Dans ce roman, on suit Jean-Gabriel Lesparres, auteur à succès arrivant en fin de carrière et ayant peur d’écrire le livre de trop. Pour contrer cette angoisse, il monte une arnaque simulant le vol de son manuscrit en copie unique. Malheureusement pour lui, la personne engagée par ses soins pour ce vol n’a pas détruit le manuscrit et celui-ci se retrouve sur la table de son éditeur signé par un imposteur. Une enquête s’ouvre alors et Jean Gab met tout en œuvre pour découvrir qui dans son entourage l’a entourloupé…
J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre, bien que le début soit un peu long au démarrage ! Une fois lancée, l’intrigue nous transporte naturellement et agréablement dans les méandres de l’enquête qui comme un sac de nœuds se clarifie à chaque fil tiré. Cette superposition d’arnaqueurs m’a fait quelque peu penser à « Sex crimes » (film de 1998 que j’avais adoré à l’époque) sans le « Sex » et le « Crimes » – à prononcer avec l’accent américain haha – mais gardant l’idée des arnaqueurs qui s’arnaquent tous et des rebondissements s’y afférents. De plus, j’ai adoré naviguer au côtés de Jean-Gab dans le monde de l’édition ainsi que les nombreuses références littéraires dont il nous régale ! Un livre sur un livre et sur le monde du livre, quoi de plus délectable pour une amoureuse des livres me direz-vous !
En clair, bien que je ne puisse pas dire que ce livre me marquera dans les années, il n’en reste pas moins que j’ai apprécié sa lecture et que je vous le recommande en vue d’un agréable moment livresque au coin du feu ou au bord de la mer cet été 🙂