Archives d’Auteur: Nina
Quoi de neuf Blogo ? #10
C’est parti pour la liste des articles coup de coeur de la semaine passée ! J’espère que vous pourrez faire de belles découvertes 😉 Go :
Lundi : symbolisme ! Un très bel article proposé par Ilôt lecture sur la peinture et notamment le mouvement du symbolisme, fin XIXe. Rdv sur SYMBOLISME
Mardi : coup de coeur ! Le blog Encore un livre fait la chronique d’un coup de coeur ! Avis aux amateurs de polar suédois 😉 Rdv sur L’ARCHIPEL DES LÄRMES, Camilla Grebe-Calmann-Lévy Noir
Mercredi : Foenkinos ! Le pingouin vert nous offre son avis sur Deux soeurs de l’auteur, mais pas que 😉 Rdv sur Deux soeurs, de David Foenkinos (2019)
Jeudi : cinéma ! Ma toute petite culture nous fait profiter de son bilan cinéma… L’occasion pour nous de trouver des films à regarder ! Rdv sur Bilan cinéma – Février 2020
Vendredi : théâtre ! Bruno du blog le billet de Bruno – fraîchement découvert – nous expose un magnifique avis sur Marie des poules jouée en ce moment au théâtre du Petit Montparnasse. Rdv sur Marie des poules
Samedi : femme ! Les pages qui tournent nous présente son avis sur sa lecture de Madame Einstein. Une grande femme dans l’ombre d’un grand homme ! Rdv sur «Madame Einstein» de Marie Benedict
Dimanche : éditions ! Christlbouquine nous relate la rencontre avec les éditions Zulma. Une belle mise en avant de cette jolie maison d’éditions 🙂 Rdv sur Rencontre avec les éditions Zulma à la Librairie Paroles de Saint-Mandé
Et vous, quels sont les articles qui vous ont inspirés cette semaine ?
Le signal – Maxime Chattam
Découverte Shopping – Editions Pocket – Prix 9,95 €
La famille Spencer vient de s’installer à Mahingan Falls.
Un havre de paix.
Du moins c’est ce qu’ils pensaient….
Meurtres sordides, conversations téléphoniques brouillées par des hurlements inhumains et puis ces vieilles rumeurs de sorcellerie et ce quelque chose d’effrayant dans la forêt qui pourchasse leurs adolescents…
Comment le shérif dépassé va-t-il gérer cette situation inédite?
Ils ne le savent pas encore mais ça n’est que le début…Avez-vous déjà eu vraiment peur en lisant un livre ?
Personnages & Adolescence
On suit la famille Spencer, nouveaux propriétaires d’une immense demeure rebaptisée la Ferme, dans leur emménagement à Mahingan Falls. La famille se compose du père, Tom et de la mère, Olivia ; ainsi que de deux adolescents : Chad, leur fils et Owen, le neveu d’Olivia fraîchement orphelin ; et pour finir, de la petite dernière d’à peine deux ans, Zoey. On voit évoluer cette famille et l’on ne peut que s’identifier à ces personnages profondément travaillés. Non seulement on s’attache vite à eux, mais surtout on y croit et c’est, me semble-t-il, une des plus belles forces du livre.
J’ai vraiment aimé vivre auprès de cette famille soudée ayant pourtant des fêlures importantes comme le décès prématuré de la soeur d’Olivia. Et bien que je ne peux nier l’existence de certains clichés et d’une maturité presque irréelle des deux ados, je clame haut et fort que cela ne m’a pas dérangé tellement s’était bien construit. Pour finir, l’adolescence est brillamment pointée du doigt et la débrouillardise de ces gamins est surprenante, osée mais exaltante ! Un bon combo donc, même si je conçois que certains soient restés dubitatif sur ces ados si héroïques…
Fantastique & Horrifique
Que les choses soient dites de suite… j’ai dormi avec la lumière pendant une semaine de peur de voir surgir dans le coin de ma chambre une créature inhumaine prête à me dévorer toute crue ! Je me suis régalée avec mes frayeurs livresques tout au long de ma lecture et je peux assurer avoir retrouvé cette même satisfaction étrange qu’en lisant un King. Oui, oui… rien de moins ! Je pense que Chattam, que j’ai découvert avec ce roman, mérite le titre de King français et je vais m’expliquer…
Quand vous ouvrez un King, vous savez que l’extraordinaire va surgir de l’ordinaire, que l’atmosphère si réelle va subtilement découvrir une faille irréelle qui va vous prendre aux tripes et vous collez votre frayeur tant recherchée… Et bien ici c’est pareil. Chattam a réussi cet exploit de faire émerger de l’irréel dans le réel, si bien que notre propre réalité est remise en cause et se voit troubler par nos frayeurs. C’est chacune de nos vies qui sont dépeintes dans les premières pages… Qui n’a jamais déménagé et écouté les bruits de la nouvelle demeure avec inquiétude ? Qui n’a jamais eu de frissons en se demandant le passé du domicile et sa potentialité de drames ? Osez donc entrer dans vos peurs, c’est ce que propose Chattam !
Lieu & Mystère
Pour ceux qui me connaissent vous savez à quel point je raffole d’histoire donc vous ne serez pas étonnés que je mette en évidence le récit historique de la petite ville de Salem sur laquelle l’auteur s’appuie pour écrire cette histoire de fantômes ! Un véritable bonheur de suivre les traces des sorcières de Salem et que l’auteur s’en inspire pour nous effrayer mais aussi construire cette drôle d’histoire dont je ne veux pas trop vous en dire ! Un lieu mystérieux enfermant un mystère bien plus grand que supposé.
Je ne soulèverais qu’un seul bémol, la grosseur des choses et des morts que parfois j’ai trouvé un peu lourde. Disons qu’à la dixième mort, bien grade et cruelle, on se lasse un peu du récit trash ! De plus, il est vrai que la résolution peu paraître un peu tirée par les cheveux, mais il n’empêche que j’ai passé un très bon moment et que je vais très vite réitérer l’expérience CHATTAM !!
En une phrase…
À lire pour les fans de fantastique et d’horrifique ! 7/10 !
Quoi de neuf Blogo ? #9
Et voici le retour des articles coup de coeur de la semaine, en ce premier dimanche de mars ! C’est parti :
Lundi : BD ! Le blog Déjeuner sous la pluie nous présente une sélection de trois BD. Une chouette possibilité de diversifier les lectures ! Rdv sur [Sélection] Trois recommandations BD pour les soirées d’hiver
Mardi : premier roman ! Matatoune du blog Vagabondageautourdesoi parle du premier roman de Maxime Girardeau, Persona, que l’on voit partout ! Rdv sur Persona – Maxime Girardeau
Mercredi : interview ! Anaïs Serial Lectrice a eu l’honneur de poser des questions à l’auteur de Grand froid, Cyril Carrere ! Rdv sur Lumière sur… Cyril Carrere
Jeudi : prix des lecteurs 2020 ! Lire et Courir nous partage la sélection du mois de Mars 2020 du Prix des Lecteurs et ses ressenties sur celle-ci ! Rdv sur LE PRIX DES LECTEURS 2020 – LA SÉLECTION DU MOIS DE MARS
Vendredi : blog-anniversaire ! Mes Lectures du Dimanche fête ses trois ans de blog et propose un chouette concours suivi d’une lecture commune. N’hésitez plus 😉 Rdv sur 3 ans déjà ! On fête ça ensemble ?
Samedi : Minier ! La Caverne du polar nous offre son avis lecture sur le dernier Bernard Minier. Un one-shot qui donne envie ! Rdv sur M, Le bord de l’abîme – Bernard Minier
Dimanche : papeterie ! La petite redac’ nous propose ses jolies carnets éco-responsables. Une belle collection pour les amateurs 🙂 Rdv sur La papeterie LPR devient éco-responsable
Et vous, quels sont les articles qui vous ont inspirés cette semaine ?
Histoire Littéraire #2 – L’amour courtois
Bonjour ami(e)s littéraires,
Je reviens aujourd’hui avec un deuxième article d’histoire littéraire, le premier ayant reçu un très bon accueil et une demande de poursuite ! Je me plie donc à votre gentillesse pour ma plus grande joie ! Je rappelle, néanmoins, que ces dires n’ont pas vocation d’être clôturé sur eux-mêmes, ils aspirent à l’échange, au débat et à l’enrichissement. Alors, n’hésitez pas si je me trompe, si vous avez des questions, si le sujet abordé implique des frontières mobiles – comme c’est souvent le cas en littérature – et que vous souhaitez en débattre, je suis toute ouïe !
Pour continuer dans la littérature médiévale, si on parlait d’amour courtois ? Mais qu’est-ce donc que cela ?
Avant toute chose mettons au clair le mot « courtois » car je pense qu’il n’est pas nécessaire d’éclaircir le mot amour ! Ce mot vient de l’ancien français « cort » signifiant « cour ». Ainsi, il fait une référence directe à ce qui vient de la Cour et représente un idéal de comportement et un art de vivre en société propres aux nobles. Cet idéal se verra diffuser dans toute la littérature médiévale du XIIe et XIIIe. Matérialisé mais aussi controversé, on peut dire qu’à l’époque on ne badine pas avec l’amour courtois !
Dans la suite de cette moralité courtoise, l’amour courtois se voit qualifié d’amour raffiné, noble et subtil ; proposant une inversion des rôles entre homme et femme, où la femme devient supérieure à l’homme moralement mais aussi socialement – pour la plus grande joie des féministes, GIRL POWER haha – et où l’amant doit atteindre la perfection de la dame pour obtenir la récompense charnelle… ou pas ! Si je dis « ou pas », il y a une bonne raison…
Eh bien, oui ! Avec la fin’amor, autrement dit amour parfait, déclamé par nos chers troubadours ; il convient de proclamer ce fameux « OU PAS » ! En effet, la fin’amor associe l’amour au désir, et donc vous l’aurez compris : pas de désir assouvi sans extinction dudit désir. Ainsi nos tendres amants sont condamnés à la souffrance de leur amour. La fin’amor se dépeint donc comme un amour contrarié car non partagé, secret et devant affronter de nombreux obstacles pour obtenir l’ultime récompense, sans aucune certitude de l’obtenir. Le cadre de cet amour est un triangle amoureux (adultérin) rendant les choses encore plus compliquées, une exposition constante au danger d’être dévoilé et la souffrance amoureuse comme thème central. On retrouve dans cette littérature des topoï – thèmes – propres au lyrisme appelés des motifs :
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Motif de la reverdie ou du renouveau printanier : mise en avant d’un élément renvoyant au printemps et assumant un double rôle, celui d’un dynamisme que le printemps insuffle, et celui du lieu où le poète chante.
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Motif de la maladie amoureuse : ensemble de symptômes psychosomatiques visibles et reconnaissables renvoyant à l’amour et pouvant aller jusqu’à l’aliénation – du genre le héros va presque perdre le combat parce que la dame lui ôte son souffle et lui déclenche une tachycardie incontrôlable, vous voyez le topo ?
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Motif de la blessure d’amour : comme un coup de foudre, les yeux de la dame envoie une flèche dans le coeur de l’amant et le blesse d’amour.
Bien sûr, je ne vous ai donné que les principaux – histoire que vous ne vous endormiez pas en cours de route – mais d’autres existent ! La fin’amor évoquée ici est surtout utilisée dans les chansons courtoises, mais, mais, mais ! Le roman s’y met aussi et celui que l’on peut désigner comme le roman courtois par excellence est le Roman d’Énéas. C’est une adaptation de l’Énéide qui se lie à une volonté de représenter l’amour courtois. Néanmoins, c’est avec le roman que les choses se corsent et que la controverse de l’amour courtois pointe le bout de son museau transformant le « ou pas » en « peut-être bien », voire même en « bien sûr » !
Controverse ? Qu’ouïe-je ? Se serait-on permis de critiquer la courtoisie ?
Tout commence avec Tristan et Iseut, célèbre couple formant le mythe d’une passion destructrice ! Tristan est un bien un héros courtois ; Iseut, une princesse, donc plus élevée que son futur amant et un triangle amoureux est bien présent – il sera même quadrangulaire avec Iseut, son mari, Tristan et sa femme. Mais alors qu’est-ce qui coince me direz-vous ? Eh bien, de nombreuses choses à vrai dire : déjà l’amour va naître entre les deux amants sous l’effet d’un philtre d’amour, une influence extérieure donc et non pas le fruit d’un regard et d’un choix amoureux ; de plus, j’ai bien dit l’amour va naître entre les deux… Alors que l’amour courtois n’est censé être qu’unilatéral, il est ici réciproque, et consumé de surcroît dès le début ! Il y a donc souffrance partagée et consommation charnelle d’emblée !! Mais où est la courtoisie ici ?! Ajoutez à cela des amants utilisant la ruse et la tromperie (valeurs profondément anti-courtoises), une remise en cause de l’institution du mariage avec une princesse dépucelée avant son mariage, un discours frauduleux et mensonger dit la main sur les reliques… Et vous obtenez un couple fort discourtois !
Ensuite, c’est Chrétien de Troyes qui explore le concept de la fin’amor dans ses romans en voulant dépasser le principe de l’adultère. Ainsi, l’auteur va explorer la possibilité de lier la courtoisie (prouesse chevaleresque et amour raffiné) à l’union légitime du mariage. Pour cela, il va nous présenter des personnages se mariant rapidement et tentant de trouver un juste équilibre entre vie privée et vie public. Chrétien de Troyes va donc redéfinir un amour courtois réconcilier avec le mariage.
On approche maintenant du croustillant – haha – avec le Roman de la Rose. Ce roman allégorique est bicéphale car écrit par deux auteurs aux pensées diamétralement opposées. On considère la première partie écrite par Guillaume de Lorris comme une apologie de l’art d’aimer de manière courtoise ; et la seconde partie écrite par Jean de Meung comme une valorisation de la procréation. Je m’explique ! Dans le roman, le narrateur raconte un songe dans lequel il veut conquérir un bouton de rose, une magnifique allégorique de l’amant voulant séduire la dame donc. Mais lorsque le second auteur s’y met, on perçoit un tout autre discours. Jean de Meung nous explique que l’amour courtois est un amour stérile et une perversion sexuelle car le propre de l’humain est de perpétuer l’espèce alors comment faire sans acte sexuel ? Il oppose donc à cet amour stérile, la revalorisation des instants corporels et de la sexualité féconde à travers une scène moqueuse où le narrateur arrive à attraper la rose en des termes grivois laissant pleinement voir l’image de la défloration d’une jeune femme. Voici donc un discours aux contours satiriques, mais il reste une dernière oeuvre à explorer…
Le Roman de Renart ! On est là en pleine satire ! Vous pensez le Moyen-âge chaste ? Alors, que diriez-vous de ce monsieur Renart qui durant ses aventures se retrouve coincé avec sa belle et ne trouve rien de mieux à faire que de la prendre par derrière ?! Ce roman est un ensemble de récits différents appelés des « branches » – qui fonctionne en gros comme Bip Bip et Coyote ou Titi et Grosminet – dont le héros est un goupille (devenu aujourd’hui le mot renard grâce à Renart). Toutes les histoires vont tourner autour du personnage, de sa faim, de sa méchanceté, de sa ruse etc. Mais les auteurs en profitent pour parodier l’amour courtois et la chevalerie. On voit donc des scènes telles que celle décrite plus haut qui s’inscrit dans une relation réellement courtoise initialement ou encore un siège parodié dans la célèbre scène du siège de Mauperthuis. En bref, pour ce qui concerne notre sujet, dans ce roman, le curseur est mis sur la bestialité de l’amour courtois car non seulement il est représenté ici par des animaux mais en plus les accouplements se font de manière crue et directe.
Petits récap’ des oeuvres si l’envie est de la partie !
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Roman d’Énéas – 1160 – Matière de Rome – Anonyme
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Tristan et Iseut – 1170/1190 – Matière de Bretagne – Béroul et Thomas d’Angleterre
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Érec et Énide – 1170/1183 – Matière de Bretagne – Chrétien de Troyes
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Cligès ou la fausse morte – 1176/1187 – Matière de Bretagne – Chrétien de Troyes
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Lancelot ou le Chevalier de la charrette – 1177/1189 – Matière de Bretagne – Chrétien de Troyes
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Yvain ou le Chevalier au lion – 1181 – Matière de Bretagne – Chrétien de Troyes
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Roman de la Rose – 1230 pour Guillaume de Lorris et 1275 pour Jean de Meung
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Roman de Renart – 1170/1250 – plusieurs auteurs
Et vous, que pensez-vous de l’amours courtois ? Dites-moi tout, même si je vous ai endormi dites-le 😀
Quoi de neuf Blogo ? #8
Et voici l’heure de notre rdv du dimanche ! Je vous souhaite à tous une agréable journée pleine de découverte 😉
Lundi : Révolution française ! C. de Ô Grimoire s’est plongé dans la lecture de Maximilien Robespierre de Hervé Leuwers. Si vous aussi vous avez envie d’en apprendre plus sur notre héritage politique et cette grande figure – bien que controversée – de la Révolution… Rdv sur Maximilien Robespierre
Mardi : Frankenstein ! Parce que c’est l’un de mes classiques anglais préférés, je ne peux pas passer à côté de ce bel avis sur lui ! Rdv sur Frankenstein, de Mary Shelley
Mercredi : Ted Bundy ! Découverte blog avec la Papivore qui nous offre un très bel article sur le dernier publié racontant les derniers jours du condamné, mais pas que..! Rdv sur Ted – Pierre REHOV
Jeudi : essai ! Ma voix au chapitre nous partage son avis sur L’effet Louise. Un essai sur le quotidien d’une maman dont l’enfant est atteint de trisomie 21 ! Rdv sur L’effet Louise de Caroline Boudet
Vendredi : cadavre exquis ! Collectif polar ouvre sa deuxième saison du cadavre exquis ! Le principe : écrire à tour de rôle un chapitre d’un roman… Une expérience délicieuse à laquelle j’ai eu l’honneur de participer l’an dernier ! N’hésitez pas ! Rdv sur Cadavre exquis saison 2, top départ !
Samedi : sorties littéraires ! Mes échappées livresques nous fait un résumé des sorties à venir prochainement ! Rdv sur Sorties littéraires #8
Dimanche : bibliothèque ! Le blog Écrire et se faire éditer propose une jolie présentation de la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris ! Rdv sur Des lieux & des livres / 1
Et vous, quels sont les articles qui vous ont inspirés cette semaine ?
Vipère au poing – Hervé Bazin
Découverte Classique – Éditions Le Livre de Poche – Prix 4,60 €
Vipère au poing, c’est le combat impitoyable livré par Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à leur mère, une femme odieuse, qu’ils ont surnommée Folcoche. Cri de haine et de révolte, ce roman, largement autobiographique, le premier d’Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d’emblée parmi les écrivains contemporains les plus lus.
Haine & Maltraitance
C’est l’histoire de la Famille Rezeau. Vieille famille bourgeoise, héritière de privilèges, et vivant dans le château de La Belle Angerie. Mais plus précisément, c’est l’histoire d’une haine profonde entre un fils et sa mère. Mme Rezeau, née Pluvignec, est une femme odieuse, cruelle et rigoriste qui va faire vivre un enfer quotidien à ses trois enfants, dont Brasse-Bouillon, ou Jean, notre narrateur.
D’abord, peureux et craintif, il se questionnera à de nombreuses reprises sur cette mère sadique et sans affection, rebaptisée Folcoche. Puis, en grandissant, Jean se révèlera être formidablement doué pour entrer dans le jeu maternelle, un jeu d’échec sombre et malsain se lance ainsi entre mère et fils. Un bras de fer allant même jusqu’à l’idée d’un assassinat ! Si le lien maternelle est en toute normalité construit par l’amour, ici c’est la haine qui le tisse et le consolide. Brimades, violences physiques et mentales, la mère ne recule devant rien pour imposer son autorité face à ce fils rebelle. Un enfant insoumis porté par sa volonté de vengeance, gravant un V.F – Vengeance Folcoche – sur chaque arbre qu’il croise, mais un fils ressemblant finalement énormément à cette mère si détestée…
Rupture & Renouveau
Au delà de cette haine prégnante, un autre bras de fer se joue dans ce roman. Celui d’une époque révolue qui se manifeste de deux manières différentes : d’abord par le passage de Jean de l’enfance à l’adolescence. Un passage forgé par la haine dû à une innocence brisée dans le vif et l’obligation de survivre par la combativité.
Mais en arrière plan de cette relation pernicieuse, c’est aussi toute une époque qui agonise, celle des privilèges. Cette famille issue d’une grande lignée de bourgeois – voire d’aristocrates – voit l’abolition de cette vie d’antan. Agonie d’une vie oisive et d’une éducation austère et rigoriste, mais aussi époque de l’avènement ouvrier. Triste époque pour les bourgeois donc, qui tentent de se raccrocher aux dernières particules de leurs prérogatives et refusent de voir la vérité en face.
En une phrase…
Un roman viscéral ! À lire absolument ! 10/10 !
Quoi de neuf Blogo ? #7
Bonjour ami(e)s littéraires,
Comme chaque dimanche, voici venue l’heure de la mise en avant des articles coup de coeur de la semaine passée ! Alors go 🙂
Lundi : polar ! La blogueuse de Sangpages nous partage la vidéo de son intervention à la librairie du Baobab de Martigny sur la défense du polar ! Rdv sur Le polar un genre à part ?
Mardi : littérature japonaise ! Floredelain nous présente sa lecture d’un roman japonais relatant l’histoire d’une jeune fille et sa vie dans une maison close ! Rdv sur FILLE DE JOIE de Kiyoko Murata
Mercredi : point lecture ! Usva K. se lance avec ce premier point lecture vidéo fort bien réalisé ! Bravo et à très vite avec ta future nouvelle vidéo ! Rdv sur Avant-goût des chroniques à venir #1
Jeudi : interview ! Collectif polar retranscrit l’interview de Thomas Clearlake réalisée par Miss Aline ! Rdv sur Papote d’auteur Miss Aline était avec Thomas Clearlake
Vendredi : concours ! La blogueuse du blog Ilôt lecture, pour fêter son vingtième article, offre la possibilité de gagner l’un de ses livres chroniqués ! Alors, venez nombreux 🙂 Rdv sur CONCOURS #1
Samedi : noir ! La blogueuse de Mes Lectures du Dimanche nous parle du premier livre d’un vrai flic de la criminelle, Jack Jakoli ! J’ai très envie de le découvrir et vous ? Rdv sur « La Catabase » – Jack Jakoli
Dimanche : sorties littéraires ! Aude bouquine nous récapitule les sorties du mois ! Autant dire que ça donne des envies haha. Rdv sur SORTIES MARS 2020.
Et vous, quels sont les articles qui vous ont inspirés cette semaine ?
Les dieux ont soif – Anatole France
Découverte Fac – Éditions Le Livre de Poche Classiques – Prix 5,80 €
Les dieux ont soif : quand il choisit pour titre ce mot de Camille Desmoulins, Anatole France ne veut nullement rejeter sur une fatalité tragique les atrocités de la Terreur. Ce texte admirable décrit l’horreur du fanatisme, l’obscurantisme gagnant les Lumières elles-mêmes, la barbarie prenant le masque du progrès. En 1912, ce livre du patriarche de la Gauche française qui dénonçait les excès de la Révolution fut accueilli comme un paradoxe. Aujourd’hui, cette représentation alarmée de l’histoire se lit comme une lucide préface à l’horrible xxe siècle, un avertissement contre l’ignorance et la peur qui engendrent la bêtise, la grande tueuse.
Symbolisme populaire & Illusion du changement
France écrit ce texte en 1912. Celui-ci sera reçu comme un choc électrique car jusqu’ici personne ne condamnait les actes barbares menés par la Révolution ! Rappelons-nous la célèbre théorie du bloc de Clemenceau en 1891 « La Révolution est un bloc ». Alors bien que l’auteur ne soit pas contre-révolutionnaire et qu’il n’ai aucunement eu le projet d’écrire un roman ayant cette résonance, le climat social de sa publication et le regard que ses contemporains ont eu dessus laisse une empreinte qui vaudra à Anatole d’être si peu connu – et non étudié à l’école, voir la réaction des bacheliers de 2016 parlant de notre Prix Nobel 1921 comme d’un inconnu, si si, je vous jure !!! Bon ok, je dramatise, le pourquoi du comment Anatole a été tant mis de côté est un cocktail de nombreuses choses, néanmoins les faits sont là et je souhaite une réhabilitation ferme pour cette belle plume !
L’auteur nous fait suivre Évariste Gamelin – dont le nom sera gravé à vie dans ma tête pour l’impact du personnage mais aussi pour l’avoir écrit 1500 fois dans mon dossier universitaire – parfait prototype du fanatisme révolutionnaire. Peintre raté qui trouvera son idéalisme esthétique et idéologique dans son poste de juré du Tribunal révolutionnaire en participant à la tuerie paranoïaque et inhumaine de la Grande Faucheuse – comprendre ici, la tristement célèbre guillotine, le panier à Samson. Gamelin condamnera tout le monde, des inconnus d’abord, puis son beau-frère et enfin ses ami(e)s.
Mais avant d’en arriver à ces condamnations, France installe un regard sceptique au lecteur en démontrant un climat d’inchangé dans ses pages. En effet, malgré le bouleversement révolutionnaire prometteur d’un renouveau pour le peuple, il laisse entrevoir une forme utopique de ses changements. Le peuple se trouve toujours dans la misère et les habitudes monarchiques persistent ; tandis que la justice implacable et tyrannique reprochée au monarque se voit renouveler par le Comité de Salut publique, au même titre qu’une religion seulement ranimée sous un nouvel aspect. Le symbolisme populaire permet la mise en lumière des désillusions de la Révolution en marche, mais France dans cette perspective utilise également le discours.
Dialogisme & scepticisme révolutionnaire
Le premier discours critique vis-à-vis de la Révolution et de ses acteurs est le discours maternel – celle que l’on peut voir comme une personnification de la Mère Patrie – dont il résulte un peuple affamé et un scepticisme certain quant au devenir des idéaux révolutionnaires : « Mais ne me dis pas que la Révolution établira l’égalité, parce que les hommes ne seront jamais égaux ». Une vision critique que Gamelin refuse d’écouter. D’autres personnages viendront contrecarrer ses idéaux tels que le père de sa chère et tendre, ses ami(e)s, sa soeur et son beau-frère.
En définitive, France soumet Gamelin au pragmatisme des personnages féminins et masculins l’entourant. Ce dialogisme hétérogène résonne comme l’unité de la voix populaire et manifeste une attitude encline à se questionner sur ladite période ; non seulement sur les institutions mises en place – notamment la nouvelle religion et la nouvelle justice – mais aussi sur les agissements propres à cette Révolution qui libère le peuple sous la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », mais dont les maîtres mots sont aussi misère, guillotine et obédience.
Mort & Effet de cycle
La Mort est présente partout dans cet ouvrage que ce soit dans les odeurs et le paysage parisien comme dans l’évolution narrative elle-même. Déjà, Gamelin a pour modèles deux destins funestes et controversés : Marat, puis Robespierre. Les deux hommes, acteurs principaux d’une Révolution implacable, finiront tous deux morts pour le Révolution. On peut ainsi voir dans ces deux figures adulées se profiler un destin tout aussi funeste pour notre anti-héros prêt à tout, comme ses modèles, pour la République. De plus, le remplacement de Marat par Robespierre vient également signaler un premier aspect cyclique dans le roman francien.
La guillotine participe également à cet effet de cycle en montrant une justice toujours assoiffée de victimes ; et enfin, c’est la mort de Gamelin qui boucle la boucle – pardon pour le spoil mais il ne s’agit pas d’un rebondissement fictionnel. Inévitable, elle intervient non seulement pour renforcer l’effet de cycle, mais permet également de soulever une forme d’échec révolutionnaire. Ainsi, le cycle renvoie à l’inchangé qui par analogie renvoie, lui, à une forme d’échec. Plutôt qu’un roman contre-révolutionnaire, j’y vois moi, un roman de l’échec de l’humanité.
En une phrase…
Un roman délicieux qui marque les esprits et fait réfléchir sur la capacité humaine à se laisser aveugler par effet de masse et de peur. 10/10 !
Quoi de neuf Blogo ? #6
Salut, Salut ami(e)s littéraires,
On se retrouve, en ce sixième dimanche de l’année, pour le rdv dominical des articles coup de coeur de la semaine ! En espérant que ce rdv vous plaise toujours autant, je vous souhaite à tous de bonne découverte 🙂
Lundi : expressionnisme allemand ! Le blog Les Curiosités du Caméléon chronique un film bien mystérieux qui a éveillé ma curiosité ! Rdv sur |Film| The Lighthouse
Mardi : exposition ! Matatoune du blog Vagabondage autour de soi met en avant une magnifique exposition sur Charlie Chaplin ! Un très bel article. Rdv sur Charlie Chaplin
Mercredi : polar ! La caverne du polar nous présente le dernier roman de Valentin Musso. Je ne connais pas l’auteur, mais je pense avoir très envie de le rencontrer bientôt ! Rdv sur Un autre jour – Valentin Musso
Jeudi : concours ! The Eden of Books propose un concours avec à la clef, un exemplaire des Magnolias de Florent Oiseau ! Rdv sur [Concours]: Instagram 7.000 abonnés + Facebook 4.000 abonnés
Vendredi : interview ! Tout le monde a entendu parler de Nina Bouraoui dont le dernier roman Otages est paru en janvier dernier. Au fil des livres nous offre une interview de l’autrice ! Rdv sur Rencontre – Nina Bouraoui
Samedi : défi ! Floandbooks présente en défi pour le mois de Mars ! Rdv sur Mars au féminin 2020
Dimanche : King ! Symphonie nous parle du nouveau Stephen King L’institut et fait un tour d’horizon des autres chroniques disponibles sur la blogosphère ! En un article plusieurs avis 😉 Rdv sur L’institut, Stephen King
Et vous, quels sont les articles qui vous ont inspirés cette semaine ?