LC Nath & Nina #3 – « La nuit n’est jamais complète » de Niko Tackian

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Résumé : 

La route à perte de vue au milieu d’un désert de rocaille. Arielle et Jimmy parcourent le bitume au volant de leur vieille Ford. Mais quand le père et la fille tombent sur un barrage de police et sont obligés de passer la nuit sur place tout dérape… Ils se réveillent abandonnés, naufragés de l’asphalte, avec trois autres rescapés. A quelques kilomètres de là, deux immenses tours métalliques se dressent, cadavres rongés par la rouille et le temps.
Quelques maisons en tôles froissé se serrent pour se protéger du vent. Cette ancienne mine sera leur refuge. Ou leur pire cauchemar… Mais ce voyage au cœur des ténèbres est-il vraiment un hasard ?

Nina et moi avons emprunté une route désertique… La peur au ventre, l’angoisse pour compagne, Nina m’a suivie et, ensemble, nous avons suivi Jimmy et Arielle dans leur voyage au cœur des ténèbres… [Intro by Nath]

L’avis de Nina :

Bon d’accord c’est le deuxième coup de cœur que je vous sers mais bon, je n’ai pas le choix (et j’en suis ravie croyez-moi !) car je suis faaaaan ! Super fan ! Archi fan !  Bref j’adore cette histoire ! J’adore cet auteur ! J’en veux tout simplement plus !!!!!! Wahhhh mais quelle claque ! Quelle finesse ! Quelle brillante plume ! Merci Nath… Infiniment pour ce choix 😀 Comment ai-je pu passer à côté tout ce temps…. Alallaaaa ! – Allez, respire et calme-toi 🙂 [Note de Nath : Yes !!! Mission accomplie !!!]
Bon avec tout ça si vous avez encore des doutes je réitère : c’est un magnifique coup de cœur que je vous présente aujourd’hui en LC avec ma copinaute Nath de « Mes Lectures du dimanche ». On suit dans cette histoire Jimmy et sa fille, Arielle, qui durant un voyage se retrouvent bloqués sans voiture au milieu de nulle part sous le soleil ardant du désert. Un seul refuge : une mine désaffectée glauque à souhait où ils s’apprêtent à vivre un véritable cauchemar…
L’auteur est un diabolique manipulateur, qualité essentielle au thriller vous me direz, mais lui tout particulièrement ! Sa plume est tout bonnement cinématographique et décrit avec délice les lieux et les ondes dégagés par ceux-ci. En même temps, rien d’étonnant à cela sachant qu’il est également scénariste. Mais attendez un peu… la manipulation ne s’arrête pas ici ! Chaque chapitre fait monter la pression délicatement mais sûrement, comme la tortue qui barbe le lièvre il nous laisse croire qu’il nous livre les clés de l’intrigue ! Que nenni ! A cela, il ajoute l’arme fatale : des chapitres de 2 ou 3 pages maximum, chacun se finissant avec « la » phrase, vous voyez ?  Une véritable atteinte à la liberté individuelle ! Oui messieurs, dames : comment voulez-vous avoir envie de ne pas lire ce chapitre si court qui vous supplie de le lire, malgré la fatigue et le réveil du lendemain matin qui se rit de vous ?!
Venons-en maintenant à l’univers, il sait planter un décor propre au thriller allant même jusqu’à l’univers de « l’horreur » en nous glaçant le sang comme le ferait le King. J’ai frissonné à la représentation de cette mine et en me laissant imprégner malgré moi par la peur de l’inconnu, là dehors tout autour d’eux. La peur de mourir et la peur de voir les autres mourir. Ajoutez à ceci, la tendresse d’un père envers sa fille et la dimension pathétique vous saute en plein visage ! Une alliance qui éblouit pendant la lecture… Jusqu’à la phase finale : le dénouement ! Ici, l’auteur se fait plaisir et retourne tout, absolument tout en nous éclairant à la lumière de son talent ! Ne pensez surtout pas avoir la clé, ne vous fiez à rien dans ce roman car rien n’est vraiment ce qu’il parait être ! Et cette fin est magnifique, elle donne encore plus de relief à ce long et horrifique voyage ! Ne passez pas à côté… [Note de Nath : rien à ajouter, j’aurais pas dit mieux !!]

L’avis de Nath :

J’ai découvert Niko Tackian avec « Quelque part avant l’enfer ». Le style, l’intrigue, tout m’avait beaucoup plu ! Dès lors, l’arrivée de « Toxique » et, plus récemment, celle de « Fantazmë » ne m’avaient évidemment pas échappées et, salués par la critique, je n’ai pu que me ranger du côté des fans de Tomar Khan, le flic tourmenté qui rend floue les limites entre justice et loi… C’est donc avec beaucoup de surprise que j’ai découvert qu’un des livres de Tackian avait échappé à ma vigilance, mais cette session de rattrapage était exactement l’excuse dont j’avais besoin pour embarquer Nina dans l’aventure, à la découverte de cet auteur que j’affectionne ! [Note de Nina : M’en voilà, plus que ravie !]
Dans cette aventure, justement, on suit Jimmy et Arielle, père et fille, qui se retrouve bloqués par un barrage de police sur une route quasi désertique, à l’instar de trois autres personnes. Empêchés par la police, les cinq malheureux n’ont d’autres choix que d’attendre dans leur voiture avec un café gracieusement offert par la police locale. Mais quand, douze heures plus tard, ils se réveillent « groggy », seuls et en panne de batterie sous un soleil de plomb, ils doivent prendre des décisions. Ils prennent alors la route à pied et ne tardent pas à tomber sur une vieille ville minière abandonnée… Aubaine ou malédiction ?
Dans ces lignes, si j’ai retrouvé la marque de fabrique de Tackian dans des chapitres courts et bien construits, c’est néanmoins une facette inconnue que j’ai découverte… Dans un huit clos menaçant, Tackian nous entraîne sans hâte sur des routes angoissantes dans une ambiance étouffante digne d’un Stephen King. Pas de flic surentraîné et cogneur cette fois, juste une plongée terrifiante dans le quotidien de cinq malheureux abandonnés de tous…
J’ai frissonné et freiné des deux pieds par moment, tentant de crier aux protagonistes de ne pas s’engager sur certaines voies, non pas pour les sauver, mais parce que j’avais peur de les y suivre ! Malgré tout, avec Tackian aux commandes, le voyage ne pouvait que valoir le détour… J’espère, ma Nina, que tu as récupéré ! Car après t’avoir suivie au centre du « Cercle » avant de t’entraîner à la mine, j’ai hâte (ou très peur !) de connaître notre prochaine destination ! [Note de Nina : encore une belle aventure en perspective !]

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LC Nath & Nina #2 – « Le Cercle » de Bernard Minier

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Résumé :

Pourquoi la mort s’acharne-t-elle sur Marsac, petite ville universitaire du Sud-Ouest ?
Une prof assassinée, un éleveur dévoré par ses propres chiens… et un mail énigmatique, peut-être signé par le plus retors des serial killers
Confronté dans son enquête à un univers terrifiant de perversité, le commandant Servaz va faire l’apprentissage de la peur, pour lui-même comme pour les siens.

L’avis de Nina :

Encore une LC avec toi ma Nath et c’est toujours un immense plaisir que ce partage de lecture même si, cette fois encore, j’ai mis du temps ! Je m’excuse et je loue ton indulgence 🙂 (Note de NathNe t’inquiète pas, je serai indulgente et n’enverrai pas tout de suite Julian Hirtmann sur tes traces…)
Voilà un 2ème roman qui relève amplement le défi ! Bernard Minier nous en met encore plein les yeux avec ses rebondissements et ce récit qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière page.
Servaz est entraîné malgré lui sur l’enquête du meurtre particulièrement glauque d’une prof sans histoire à Marsac. C’est par le biais d’une ancienne connaissance (je garde du mystère haha) qui le supplie d’aider son fils accusé du meurtre qu’il se retrouve sur les lieux de ce crime. Un fois sur place, un détail va éveiller sa curiosité, un détail très important… La musique. Celle qui passe lors de la découverte du corps n’est autre que la symphonie de Mahler sur laquelle Hirtmann a assassiné sa femme et son amant. Alors quel lien cette affaire a avec Servaz ?! Pour le savoir, jetez-vous sur le livre 🙂
J’ai vraiment apprécié retrouver notre cher Servaz et son équipe, sa fille mais aussi – et surtout ! – notre cruel méchant, Julian Hirtmann (oui, ne cherchez pas ! J’ai toujours eu un faible pour les super méchants ! (Note de Nath : Ha bon, finalement, je te l’envoie tout de suite, alors ??). Dans cette seconde énigme, on en apprend encore plus sur le commandant en le découvrant sous un autre angle, à savoir un Servaz amoureux avec un passé romantique. Cette histoire lui fait donc prendre encore plus de dimension et m’a confirmé ma tendresse pour le personnage ainsi que mon envie de lire la suite de ses aventures. Quant au lien malsain qui l’uni à Hirtmann ou plutôt celui qui lie Hirtmann à Servaz, je suis complètement adepte !
En bref, encore un thriller haut en couleur qui nous mène par le bout du nez et remplie son rôle à merveille ! Quel pépite ce Minier ! J’en veux encore… ! Vivement la lecture du suivant… Tu es prête Nath ?! Ben oui !!!! J’aimerais bien savoir ce qui est arrivé à……. Chuuuuuuuuuttttt……

L’avis de Nath :

Nouvelle lecture commune avec Nina, du Rest’o Littéraire qui m’a entraînée cette fois dans une spirale infernale… (Note de Nina : et je suis bien heureuse de l’avoir fait ! Mouhahaha…) Second volet des aventures de notre ami Martin Servaz, flic tourmenté de son état.
Même s’il n’est pas forcément indispensable d’avoir lu le premier tome (« Glacé » – mon avis ici), je pense que c’est quand même utile au confort de lecture, dans le sens où pas mal de références sont faites à l’enquête qui s’y était déroulée.
On entre une nouvelle fois dans le vif du sujet dès les premières pages. Je ne sais pas si c’est le fait d’être déjà familiarisée avec l’équipe d’enquêteurs qui en a été responsable mais j’ai eu moins de mal à entrer dans l’histoire qu’avec le premier volet. Je trouve que l’écriture a gagné en maturité, les passages latins que je reprochais au tome 1 se sont espacés, mieux dosés et dans un contexte plus acceptable. On lève un pan de voile sur le passé de Servaz, ce qui le rend moins mécanique et plus humain. Concernant l’intrigue, chaque fois que vous penserez tenir le bon bout, détrompez-vous, vous serez à côté de la plaque ! Les infos pleuvent de partout et c’est un indescriptible méli-mélo qui nous fait nous interroger sur l’utile du superflus… On se demande vraiment où l’auteur souhaite nous mener… Et bien son objectif est tout simplement un emboîtement final grandiose où on a l’impression d’entendre petit à petit les rouages prendre leur place… Vous savez, un peu comme quand les participants à Fort Boyard s’installent sur les bonnes lettres et qu’on entend les éléments se mettre en branle… clac clac clac clac… Et Bingo ! L’énigme est résolue ! Sauf qu’à la clé, ce n’est pas un trésor pour Servaz… C’est même plutôt le contraire…
Deuxième volet donc que j’ai apprécié d’avantage que le premier. Et qui d’ailleurs m’a clairement motivée à entamer le troisième volet… Dis-moi, Nina, toi aussi tu l’entends, l’appel de « N’éteins pas la lumière » ??? (Note de Nina : Alors je ne suis pas folle ! Moi qui pensais entendre des voix haha)

 

LC Nath & Nina #1 – « The Girls » d’Emma Cline

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Résumé :

Evie Boyd, adolescente rêveuse et solitaire, vit au nord de la Californie à la fin des années 1960. Au début de l’été, elle aperçoit dans un parc un groupe de filles. Interpellée par leur liberté, elle se laisse rapidement hypnotiser par Suzanne et entraîner dans le cercle d’une secte. Elle ne s’aperçoit pas qu’elle s’approche à grands pas d’une violence impensable.

L’avis de Nina :

Encore une belle LC avec toi, Nath ! Encore une belle aventure ! Merci pour ce partage !
Depuis le temps que je voulais me plonger dans la lecture de ce roman… Me voilà comblée grâce à cette LC avec Nath de Mes Lectures du Dimanche ! Oubliez tous les commentaires racoleurs que vous avez entendus sur lui : « C’est l’histoire du groupe de Charles Manson, truc de fou, une tuerie (au propre comme au figuré) ! ». Ce magnifique ouvrage n’a pas besoin de ça pour se faire sa place dans la littérature contemporaine et il vaut bien mieux que cette triste réduction, croyez-moi 🙂
L’auteur nous plonge dans la tête d’Evie Boyd à deux âges différents. Une Evie adulte, solitaire et écorchée vive, qui nous raconte l’histoire d’Evie adolescente. Paumée, mal dans sa peau, en quête d’amour et d’aventures. La plus jeune entraînera avec elle le devenir de l’autre, forcément. A quatorze ans, rejetée par sa meilleure amie et face à des parents qui la délaissent, elle va faire la rencontre de Suzanne. Une jeune brune énigmatique qui dégage un aura de liberté avec sa tignasse mal peignée, son air un tantinet provocateur et son groupe d’amies si soudés. Le destin les met plusieurs fois sur la même route, jusqu’à la rencontre décisive où Suzanne emmène  Evie au ranch et lui présente le reste de l’équipe. Russel, le gourou aimé et adulé de tous, et les autres. Pour la plupart : des filles, « The girls ». Les filles capables de tout, les filles au centre du roman de l’auteure, ces filles en mal d’amour mais si puissantes, ensemble. Evie est électrisée et n’a de cesse de vouloir fusionner avec elle, faire partie de ce groupe. Ne faire qu’un avec « les filles » pour affronter la vie. Une plume puissante nous conte les ressentis et les actes, à grand coup de périphrases poétiques et hypnotisantes, nous entraînant au fur et à mesure dans la solitude, les joies du groupe, et la descente rapide dans la violence, jusqu’à la peur, l’abandon et l’irréparable.
Au-delà de la reprise modifiée du faits-divers de 1969, Emma Cline nous offre une analyse en profondeur des recoins du cœur adolescent sous la forme d’un récit didactique. Entre recherche de soi, solitude, peur de l’abandon, besoin d’amour et besoin d’appartenance à un groupe, Evie se retrouve face à sa propre noirceur sous couvert d’une forte envie de faire ses preuves, pour se faire aimer et garder au sein du ranch, auprès de Suzanne. Et elle oscille ainsi, sans cesse, sur le fil du bien et du mal sans se soucier de quel côté ses actions la mènent, tant que le groupe la reconnait. Tant que le groupe de l’abandonne pas !
Au final, on se retrouve tous un peu en Evie. Dans la recherche d’identité, le trouble adolescent et le besoin d’appartenance à un groupe, peut-être pas dans celui-ci, mais dans n’importe quel autre groupe qui a pu croiser notre route au lycée… Ce roman se place au rang d’un livre à faire lire à nos ados, dans la lignée de « L’herbe bleue » ou de « Christiane F » que nos parents nous collaient dans les mains à grands renforts de « Il faut que tu lises ce livre, je t’assure, c’est un classique ! » implorant l’univers qu’il nous écarte à tout jamais des drogues et des mauvaises fréquentations… Un roman universel et intemporel qui offre à la jeune auteure la place d’un « talent à suivre » !

L’avis de Nath :

Aujourd’hui, on va mettre des filles à l’honneur… D’abord une fille, l’adorable Nina, du Rest’o Littéraire, parce qu’elle est la provocatrice de cette nouvelle Lecture Commune. Décider d’une lecture commune, c’est assez facile ! Mais décider de LA lecture commune, ça l’est tout de suite beaucoup moins ! Ayant chacune des PAL à rallonge, il a fallu choisir, et le résumé de « The Girls », qui faisait envie à Nina, a trouvé écho dans mes goûts de lectrice. Ce qui m’a appâtée, c’est que l’histoire est une version romancée du terrible fait divers de 1969, à savoir les meurtres sanglants qu’ont commis les membres de la secte de Charles Manson. (Qui vient de chuchoter que c’est « sanglants » qui m’a appâtée ?? Ouais, ben t’as vu juste !)
C’est un avis à deux vitesses que je vais donner, pour une lecture qui s’achève en demi-teinte pour moi…
Il y a le fond, que j’ai beaucoup aimé : Evie Boyd a 14 ans. On le sait, à cet âge-là, une simple rencontre peut s’avérer catastrophique, tant on est vulnérable et influençable… C’est l’époque où une dispute avec sa meilleure amie peut prendre des proportions inattendues, c’est l’époque où l’on ressent tout puissance 1000… Et justement, Evie traverse une période agitée pour son moral : ses parents se sont séparés, dans un schéma somme toute très classique : papa s’est trouvé une petite jeune après avoir profité longtemps du pognon de maman qui, de son côté, laissée sur le carreau, tente de retrouver jeunesse et beauté en accumulant pathétiquement les relations nouvelles, amicales ou amoureuses, pour s’éloigner le plus possible de ce qu’elle a été avant. Papa et Maman sont donc très occupés à se regarder le nombril, en oubliant leur fille. Déjà démoralisée par sa rentrée toute proche dans un pensionnat, Evie s’embrouille avec sa meilleure amie. Elle se sent seule et incomprise, jusqu’au jour où sa route croise celle de Suzanne et de ses amies. Avec elles, Evie découvre « le ranch », dans lequel elles vivent en communauté, sous la « tutelle » d’un certain Russel, un pseudo-gourou dégoulinant d’amour de l’autre… mouais, je m’arrête là, car je vais devenir cynique… Revenons-en au fond… L’auteur décrit avec, je pense, beaucoup de justesse ce qui peut se passer dans la tête d’un jeune pour qu’il commette l’irréparable, poussé par de mauvaises influences dont il ne reconnaît pas la nocivité, aveuglé qu’il est par le simple fait que quelqu’un semble enfin lui porter de l’intérêt.
Paf ! Nous y voilà ! Je suis une indécrottable révolutionnaire, avec un caractère pourri mais bien trempé. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il m’est totalement impossible d’accepter pour seule excuse la faiblesse. Je ne comprends pas. J’ai beau tourner et retourner les faits, les ressentis qui sont décrits avec beaucoup de sensibilité par l’auteur qui a une très jolie plume, rien n’y fait. Je n’accepte pas, je ne peux pas comprendre qu’on puisse se laisser embarquer dans une secte, dans un vol, que sais-je, tout ce genre d’embrouilles dans lesquels Evie plonge la tête la première. Attention qu’il s’agit là simplement de MON avis, et que je reconnais humblement que je suis, pour cela, totalement intolérante. Le livre « Le faire ou mourir » (ma chronique ici) avait déjà déclenché mon agacement, alors que c’est un livre tellement encensé par la critique. Bien sûr, à cet âge-là, comme je le disais plus haut, on est forcément plus fragile et c’est la mère d’Evie qui aurait dû réagir, ressentir l’égarement de sa fille. Je ne dis pas que seuls les êtres mauvais se laissent embarquer. Mais j’ai tendance à croire que la faiblesse est souvent une excuse toute trouvée pour commettre l’irréparable. C’est d’ailleurs là que le bât blesse, car j’ai une histoire personnelle… Ce genre de blabla, j’y ai eu droit quand on m’a fait du mal et qu’on s’est caché, pour s’en excuser, derrière le fait d’avoir été « victime d’un manipulateur capable de retourner les esprits… » …
Bref, si je trouve que l’auteur plante savamment le décor, décrit avec minutie la chute libre qu’a vécue Evie et combien toute sa vie elle a dû en payer le prix, je reste de marbre. Ajoutons à cela une lecture qui s’écoule avec pas mal de langueur, dans un exact reflet de la situation vécue au ranch, vous avez là les ingrédients qui font la partie que je n’ai pas aimée.
Cependant, certaines choses m’ont touchée, comme quand l’Evie adulte fait ressortir à quel point le silence d’une jeune fille peut être assourdissant pour quelqu’un qui sait l’entendre… J’ai aimé que l’auteur souligne que si chacun de nous était plus attentif aux autres, nombre de drames seraient évités. Elle ne le dit pas comme cela, mais c’est le message qu’il me semble que nous devons comprendre. En cela, je la rejoins entièrement. Ce roman sonne comme une mise en garde, et cette partie-là m’a énormément plue. Parce que, toute révolutionnaire que je sois, j’ai un cœur gros comme ça et j’essaie de mon mieux d’être présente pour mon entourage, proche ou moins proche. Et cette constatation que je me fais moi-même tous les jours sur le nombrilisme de notre société me peine. « The Girls », au final, doit pouvoir toucher un large public et être lu comme un avertissement. Ce n’est pas parce que je n’ai pas réussi à comprendre Evie que je ne suis pas consciente des dangers pour nos jeunes, et, en tant que maman, cela me sensibilise d’autant plus à rester attentive…