Vipère au poing – Hervé Bazin

Découverte Classique – Éditions Le Livre de Poche – Prix 4,60 €

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Vipère au poing, c’est le combat impitoyable livré par Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à leur mère, une femme odieuse, qu’ils ont surnommée Folcoche. Cri de haine et de révolte, ce roman, largement autobiographique, le premier d’Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d’emblée parmi les écrivains contemporains les plus lus.

Haine & Maltraitance

C’est l’histoire de la Famille Rezeau. Vieille famille bourgeoise, héritière de privilèges, et vivant dans le château de La Belle Angerie. Mais plus précisément, c’est l’histoire d’une haine profonde entre un fils et sa mère. Mme Rezeau, née Pluvignec, est une femme odieuse, cruelle et rigoriste qui va faire vivre un enfer quotidien à ses trois enfants, dont Brasse-Bouillon, ou Jean, notre narrateur. 
D’abord, peureux et craintif, il se questionnera à de nombreuses reprises sur cette mère sadique et sans affection, rebaptisée Folcoche. Puis, en grandissant, Jean se révèlera être formidablement doué pour entrer dans le jeu maternelle, un jeu d’échec sombre et malsain se lance ainsi entre mère et fils. Un bras de fer allant même jusqu’à l’idée d’un assassinat ! Si le lien maternelle est en toute normalité construit par l’amour, ici c’est la haine qui le tisse et le consolide. Brimades, violences physiques et mentales, la mère ne recule devant rien pour imposer son autorité face à ce fils rebelle. Un enfant insoumis porté par sa volonté de vengeance, gravant un V.F – Vengeance Folcoche – sur chaque arbre qu’il croise, mais un fils ressemblant finalement énormément à cette mère si détestée… 

Rupture & Renouveau

Au delà de cette haine prégnante, un autre bras de fer se joue dans ce roman. Celui d’une époque révolue qui se manifeste de deux manières différentes : d’abord par le passage de Jean de l’enfance à l’adolescence. Un passage forgé par la haine dû à une innocence brisée dans le vif et l’obligation de survivre par la combativité. 
Mais en arrière plan de cette relation pernicieuse, c’est aussi toute une époque qui agonise, celle des privilèges. Cette famille issue d’une grande lignée de bourgeois – voire d’aristocrates – voit l’abolition de cette vie d’antan. Agonie d’une vie oisive et d’une éducation austère et rigoriste, mais aussi époque de l’avènement ouvrier. Triste époque pour les bourgeois donc, qui tentent de se raccrocher aux dernières particules de leurs prérogatives et refusent de voir la vérité en face. 

En une phrase…

Un roman viscéral ! À lire absolument ! 10/10 !

Les dieux ont soif – Anatole France

Découverte Fac – Éditions Le Livre de Poche Classiques – Prix 5,80 €

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Les dieux ont soif : quand il choisit pour titre ce mot de Camille Desmoulins, Anatole France ne veut nullement rejeter sur une fatalité tragique les atrocités de la Terreur. Ce texte admirable décrit l’horreur du fanatisme, l’obscurantisme gagnant les Lumières elles-mêmes, la barbarie prenant le masque du progrès. En 1912, ce livre du patriarche de la Gauche française qui dénonçait les excès de la Révolution fut accueilli comme un paradoxe. Aujourd’hui, cette représentation alarmée de l’histoire se lit comme une lucide préface à l’horrible xxe siècle, un avertissement contre l’ignorance et la peur qui engendrent la bêtise, la grande tueuse.

Symbolisme populaire & Illusion du changement

France écrit ce texte en 1912. Celui-ci sera reçu comme un choc électrique car jusqu’ici personne ne condamnait les actes barbares menés par la Révolution ! Rappelons-nous la célèbre théorie du bloc de Clemenceau en 1891 « La Révolution est un bloc ». Alors bien que l’auteur ne soit pas contre-révolutionnaire et qu’il n’ai aucunement eu le projet d’écrire un roman ayant cette résonance, le climat social de sa publication et le regard que ses contemporains ont eu dessus laisse une empreinte qui vaudra à Anatole d’être si peu connu – et non étudié à l’école, voir la réaction des bacheliers de 2016 parlant de notre Prix Nobel 1921 comme d’un inconnu, si si, je vous jure !!! Bon ok, je dramatise, le pourquoi du comment Anatole a été tant mis de côté est un cocktail de nombreuses choses, néanmoins les faits sont là et je souhaite une réhabilitation ferme pour cette belle plume
L’auteur nous fait suivre Évariste Gamelin – dont le nom sera gravé à vie dans ma tête pour l’impact du personnage mais aussi pour l’avoir écrit 1500 fois dans mon dossier universitaire – parfait prototype du fanatisme révolutionnaire. Peintre raté qui trouvera son idéalisme esthétique et idéologique dans son poste de juré du Tribunal révolutionnaire en participant à la tuerie paranoïaque et inhumaine de la Grande Faucheuse – comprendre ici, la tristement célèbre guillotine, le panier à Samson. Gamelin condamnera tout le monde, des inconnus d’abord, puis son beau-frère et enfin ses ami(e)s. 
Mais avant d’en arriver à ces condamnations, France installe un regard sceptique au lecteur en démontrant un climat d’inchangé dans ses pages. En effet, malgré le bouleversement révolutionnaire prometteur d’un renouveau pour le peuple, il laisse entrevoir une forme utopique de ses changements. Le peuple se trouve toujours dans la misère et les habitudes monarchiques persistent ; tandis que la justice implacable et tyrannique reprochée au monarque se voit renouveler par le Comité de Salut publique, au même titre qu’une religion seulement ranimée sous un nouvel aspect. Le symbolisme populaire permet la mise en lumière des désillusions de la Révolution en marche, mais France dans cette perspective utilise également le discours.

Dialogisme & scepticisme révolutionnaire

Le premier discours critique vis-à-vis de la Révolution et de ses acteurs est le discours maternel – celle que l’on peut voir comme une personnification de la Mère Patrie – dont il résulte un peuple affamé et un scepticisme certain quant au devenir des idéaux révolutionnaires : « Mais ne me dis pas que la Révolution établira l’égalité, parce que les hommes ne seront jamais égaux ». Une vision critique que Gamelin refuse d’écouter. D’autres personnages viendront contrecarrer ses idéaux tels que le père de sa chère et tendre, ses ami(e)s, sa soeur et son beau-frère.
En définitive, France soumet Gamelin au pragmatisme des personnages féminins et masculins l’entourant. Ce dialogisme hétérogène résonne comme l’unité de la voix populaire et manifeste une attitude encline à se questionner sur ladite période ; non seulement sur les institutions mises en place – notamment la nouvelle religion et la nouvelle justice – mais aussi sur les agissements propres à cette Révolution qui libère le peuple sous la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », mais dont les maîtres mots sont aussi misère, guillotine et obédience.

Mort & Effet de cycle

La Mort est présente partout dans cet ouvrage que ce soit dans les odeurs et le paysage parisien comme dans l’évolution narrative elle-même. Déjà, Gamelin a pour modèles deux destins funestes et controversés : Marat, puis Robespierre. Les deux hommes, acteurs principaux d’une Révolution implacable, finiront tous deux morts pour le Révolution. On peut ainsi voir dans ces deux figures adulées se profiler un destin tout aussi funeste pour notre anti-héros prêt à tout, comme ses modèles, pour la République. De plus, le remplacement de Marat par Robespierre vient également signaler un premier aspect cyclique dans le roman francien. 
La guillotine participe également à cet effet de cycle en montrant une justice toujours assoiffée de victimes ; et enfin, c’est la mort de Gamelin qui boucle la boucle – pardon pour le spoil mais il ne s’agit pas d’un rebondissement fictionnel. Inévitable, elle intervient non seulement pour renforcer l’effet de cycle, mais permet également de soulever une forme d’échec révolutionnaire. Ainsi, le cycle renvoie à l’inchangé qui par analogie renvoie, lui, à une forme d’échec. Plutôt qu’un roman contre-révolutionnaire, j’y vois moi, un roman de l’échec de l’humanité. 

En une phrase…

Un roman délicieux qui marque les esprits et fait réfléchir sur la capacité humaine à se laisser aveugler par effet de masse et de peur. 10/10 !

« Lorenzaccio » d’Alfred de Musset

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Résumé :

Lorenzino, Lorenzetta, Renzo, Renzino: Musset module à l’infini les surnoms et les masques pour désigner Lorenzo de Médicis, androgyne à l’aspect maladif qui nourrit en secret un projet terrible. Lorenzaccio, cousin et favori du duc Alexandre, est un modèle de débauche qui a pourtant ses entrées chez ceux qui la déplorent. Il sait que son acte, désespéré mais nécessaire sur le plan privé, sera récupéré par le flux, transformé en geste public dérisoire sur le plan universel. De tirades cyniques en monologues poignants, Musset trace les contours d’une silhouette fantasmagorique qui se détache d’une Florence en pleine déchéance.

Mon avis :♥♥♥♥

Voici une des lectures obligatoires de mon semestre de Littérature ! Vous l’aurez surement deviné : je suis en plein XIXème siècle… et quand certains s’écriront « Wahou ! Super ce siècle littéraire ! »… De mon côté, je boude et doit faire preuve d’une grande détermination pour ces lectures !!! Et oui – incroyable mais vrai – pour réussir à lire cette pièce, j’ai dû m’obliger à m’enfermer dans ma chambre et me forcer à lire… Grrrr ! Musset pardon, mais c’est pour moi ennuyeux et criard à souhait 😦
Voilà donc comment je débute cette chronique : avec un goût amer ! Evidemment, ce ressenti n’engage que moi mais analysons un peu ces dires… Si j’ai tout de même mis un cœur coloré à cette lecture c’est pour plusieurs petites choses à sauver dans ce « Lorenzaccio ». Ces choses dont je parle sont plutôt politique et contextuelle… En effet à cette période, la littérature dramaturgique (pas que, mais restons dans le thème) est en pleine mutation et de nombreux écrivains veulent sortir du dictat du classicisme. Place donc à l’air romantique, à ses cheveux longs et à ses pièces de théâtre qui brisent les unités !
Le cœur a donc ces raisons – « que la raison n’a pas » ah non pardon ! Non mais soyons sérieux, que mon cœur ne s’enflamme pas au fil des vers de Musset est une chose mais je ne peux pas renier le bousculement des mœurs et l’énergie mise par l’auteur pour le faire ! En effet, Lorenzaccio est le summum de cette révolution avec ses scènes à décor multiple, ses moultes personnages, son étalement sur plusieurs jours ainsi que son anticléricalisme, sa prise de distance avec la bienséance et son optique du « spectacle dans un fauteuil ». De plus, la liaison au contexte est prédominante : si Musset choisi Florence et le duc Alexandre de Médicis pour sa pièce afin de passer la censure, on y voit tout le même le rattachement au contexte de son temps fait de crises révolutionnaires et d’attentats politiques. Il s’agit donc d’analyser et dénoncer les mouvements républicains mais surtout de démontrer le manque d’action faisant suite à la parole ou encore l’action inutile comme reflet de sa société – où la dernière révolution s’est achevé par un retour monarchique. Musset dévoile ainsi à travers cette pièce l’amertume et la désillusion de son siècle. Comment donc condamné un coup de pied si sauvage dans la fourmilière ?!
Néanmoins, si je ne renie pas tout cela ainsi que l’efficacité de l’auteur, et que je comprends l’obligation d’étudier cette œuvre comme pivot, je ne peux me résoudre à son écriture et à ses trop nombreuses vulgarités même si je sais que c’est voulu… Je suis donc bien contente de l’avoir fini et j’espère maintenant réussir à être objective et neutre lors de mon prochain partiel 🙂

Défi Lecture Commune Classique #3 – « Le songe d’une nuit d’été » de William Shakespeare

Le Défi Lecture Commune Classique, petit rappel !

C’est une idée qui est venue initialement aux esprits torturés de Nina (Le Rest’o Littéraire) et Nath (Lectures du Dimanche) qui avaient tout à la fois envie de partager des lectures tout en souhaitant revoir leurs classiques ! C’est vrai que souvent, même si nous avons envie de (re)lire de bonnes vieilles lignes qui font l’histoire de cette passion de la lecture qui est la nôtre, nombre d’excuses viennent à notre secours pour remettre cela à plus tard. Alors si plusieurs lecteurs s’associent, ça devient un défi ! On se dit qu’on lit pour nous mais aussi pour échanger, partager… Nous avons donc décidé d’en faire un rendez-vous trimestriel ! Sachant que nous serions ravies d’accueillir d’autres bloggeurs, si le cœur vous en dit ! Précisons toutefois que nous n’avons pas la prétention de faire de l’analyse d’une œuvre classique, tout juste avons-nous l’envie d’en débattre avec nos avis de profanes…

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L’avis de Nina

Et bien ! Encore une lecture magnifique à ajouter à nos LC, Nath ! Merci pour ce choix avec lequel je me suis régalée et qui sans toi aurait croupi bien trop longtemps dans ma PAL 🙂 (Note de Nath : A vot’ service, ma bonne Dame !) Mais franchement, que le baroque est bon, à force de vanter le classicisme, on perdrait presque de vue la superbe plongée dans l’illusion que nous offre le baroque ! Et ici, nous sommes servis…
Dans cette pièce l’émerveillement et le rire sont de mise ainsi que les multiples intrigues se rejoignant gaiement à la fin. On suit Hermia aimant et aimée de Lysandre mais promise par son père à Démétrius ; Héléna, meilleure amie d’Hermia, amoureuse de Démétrius qui lui n’a d’yeux que pour Hermia sa future femme non consentante. Dans ce carré amoureux loin d’être parfait, les fées viennent semer la zizanie, puis l’harmonie à grand coup de philtre d’amour. On suit également Obéron, roi des fées, se bataillant la garde d’un page avec la reine des fées, Titania, qui sera elle aussi la victime d’un philtre d’amour. Enfin, on suit une troupe de « comédiens » médiocres qui répète une pièce à jouer le jour du mariage de Thésée et Hippolyte. Tout ce joli petit monde va finir par s’entremêler de manière exquise créer ainsi le décor du fameux songe et nous embarquant avec lui dans cette rêverie douce emplie d’amour et d’humour.
Plusieurs mondes se mélangent donc, pour notre plus grand bonheur, la mythologie où l’on retrouve nos chers Thésée et Hippolyte ; le monde féerique peuplé de fées, de lutins et de sylphes – monde fort important à l’époque au vue des nombreuses croyances qui l’entourent, je vous épargne les degrés de pureté catho de l’âme entre les anges et Dieu où sont placés ces êtres magiques – mais qui permet surtout à l’auteur de dire et de faire des scènes osées pour l’époque ; et enfin, notre monde à nous, modestes humains. Une croisée des chemins qui nous livre un joyeux désordre et renverse le monde et ses principes : on voit ainsi une fille, Hermia, s’opposer à son père sur le choix de son futur mari et obtenir grâce malgré la loi Athénienne ou encore des amants s’échanger sous le charme d’un philtre d’amour. Echangisme et opposition de la femme… Bravo Shakespeare ! Ainsi malgré son apparence loufoque, l’auteur bouscule les mœurs dans une Angleterre puritaine, laissant le soin à Puck en dernière page de placer cette pièce sous la protection du songe en vue de n’offusquer personne. Un régal de finesse et une rigolade magique qu’il  enferme dans ses pages !
De plus, en revenant faire une halte du côté de la pièce présentée à la fin par nos fameux « acteurs ratés », on verrait presque une caricature de la bienséance du classicisme. Ce qui est assez drôle de par l’anachronisme de l’idée vu que ce courant n’arrivera véritablement qu’au 17ème siècle ! Pour ma part, j’y ai tout de même trouvé cette idée que je dirais prophétique du coup, après ce n’est que mon ressenti. Quoi qu’il en soit, cette pièce est à lire et même à relire laissant gambader son notre âme d’enfant entre ses lignes 🙂

L’avis de Nath

Au risque de vous paraître passablement prévisible, voilà encore une lecture qui m’a totalement charmée ! Je voudrais commencer par remercier Nina, qui m’a laissé le choix du titre (Note de Nina : Oh non merci à toi !!). A moi de vous expliquer pourquoi ce choix ! Je suis définitivement conquise par « Le Cercle des Poètes Disparus », tant en version livre qu’en version film (Note de Nina : j’ai commandé le livre hihi !). Pour ceux qui connaissent l’histoire, vous aurez vite fait le rapprochement, puisque dans l’histoire, le jeune étudiant Neil Perry, étouffé par son père, décide contre l’avis de ce dernier de participer à une pièce de théâtre. Il y joue magistralement le rôle de l’espiègle Puck, un « esprit malicieux et coquin », créature magique de la forêt. Au travers de nos lectures classiques, j’ai donc sauté sur l’occasion pour découvrir enfin cette œuvre que je ne connaissais qu’au travers de la prestation de Neil Perry !
Étonnamment, nous y retrouvons quelques personnages de Phèdre, notre dernière lecture classique !  En effet, à quelques jours du mariage de Thésée et Hippolyte (mouais, on sait ce qu’il va en advenir ! 😊 ), Egée vient « se plaindre » à Thésée du fait que sa fille Hermia, amoureuse et aimée en retour de Lysandre, refuse d’épouser celui que son père lui a choisi : Démétrius. Bon, en 2018, cela parait impensable mais, à l’époque, Hermia, n’ayant pu convaincre son père de renoncer à ses projets, n’avait que trois options : épouser Démétrius comme l’exigeait son père… Ou alors entrer au couvent ! Ou, dernier recours, mourir… Un peu psychorigide, cette éducation ! Bref, toutes les options leur semblant plus déprimantes les unes que les autres, Lysandre et Hermia décident de s’enfuir en secret pour aller se marier loin d’Athènes et se donnent rendez-vous dans la forêt ! Bon, super secret ! Mais tout l’intérêt du secret tient dans le fait qu’il reste… secret ! Pourtant, à peine imaginé, les deux amants confient ce « secret » à Hélène, à la fois meilleure amie d’Hermia mais également éperdument amoureuse de Démétrius qui, lui, aime Hermia ! Autant vous dire que le petit secret des deux fugueurs fut bien vite rapporté à Démétrius !
Parallèlement à tout cela, un groupe d’artisans d’Athènes décide de présenter une tragédie lors des noces de Thésée et Hippolyte. Mais ils vont devoir répéter en secret (encore !) à l’abri des regards dans la forêt !
Et, toujours pendant ce temps-là, non loin de là, dans la forêt (ben ça y est, vous commencez à suivre !), la reine des fées Titania et le roi des elfes Obéron se dispute l’éducation d’un jeune page. Prêt à tout pour obtenir d’elle qu’elle lui « cède » son page, Obéron charge Puck, petit esprit magique et malicieux, de jouer un mauvais tour à Titania.
Au final, tout ce beau monde (amoureux, amants, apprentis acteurs, créatures magiques) se retrouve donc dans la forêt où Puck se mélange un peu les pinceaux dans l’utilisation d’une poudre magique, ce qui crée un sérieux sac de nœud ! Il faudra le temps d’une nuit, que certains auront pris pour un songe, pour que tout rentre dans l’ordre, et même en mieux puisque, qui l’eut cru, sur ce coup-là, Shakespeare pourrait passer pour l’inventeur des Happy End à l’américaine !
Pour les puristes, l’auteur a pris des libertés inconsidérées en mélangeant des personnages de mythologie grecque avec des êtres du folklore celte ou des figures légendaires mérovingiennes ! Moi, ça ne m’a non seulement pas dérangée, mais en plus, énormément plu ! Là où, dans Phèdre, les destins des héros sont induits par quelques vengeances Olympiennes, ici les personnages sont justes l’objet de quelques amusements elfiques bon enfant, et les petits farceurs, après s’être amusés, ont même la gentillesse de tout remettre en ordre, en mieux !
C’était léger, divertissant, chapeau bas à la troupe d’acteurs amateurs dont j’ai adoré la conception des effets spéciaux !
Si nous, les ombres que nous sommes,
Vous avons un peu outragés,
Dites-vous pour tout arranger
Que vous venez de faire un somme
Il était doux, ce songe, ma Nina ! (Note de Nina : …Tellement… !)

Est-ce que l’histoire peut trouver sa place à notre époque ?

Nina :

Et bien, je n’aime pas être catégorique mais non ! La société a bien changée, du coup, plus de lutins ou de fées qui montrent le bout de leur nez ! Triste époque vous me direz haha !! Sans rire vous comprendrez le pourquoi de cette réponse. Je trouve même qu’il est  malheureusement impossible de lire l’œuvre en se mettant profondément à la place des contemporains de Shakespeare, alors lui trouver une place concrètement… N’en parlons pas !

Nath :

Ha mais bien sûr !!! Des petits lutins bleus qui fichent le bazar, j’en ai vu il n’y a pas si longtemps que ça !! Comment ? Oui, à Poudlard ! Précisément ! Comment ? Poudlard n’existe pas ? Ha c’est donc pour ça que je n’ai pas reçu ma lettre… Bon, dans ce cas, je capitule, cette histoire ne trouve pas sa place à notre époque ! Ceci dit, heureusement, hein… Je ne suis pas sûre, sinon, que mon père ne m’aurait pas fait exécuter à l’annonce de mon mariage… (Note de Nina : Tiens ! On est deux…Haha !)

Les petits « plus », les petits « moins » de cette lecture classique ?

L’avis de Nina :

  • Le plus : L’air de ne pas y toucher, de glisser les choses dans la brume du songe pour parler de sujets tabous et bien sûr, l’humour et la rêverie !
  • Le moins : La brièveté sans hésitation !

L’avis de Nath :

  • Le plus : La légèreté du ton, l’humour et le soin particulier qu’apporte Obéron à ce que tous les amoureux soient comblés ! (Note de Nath : et ça s’achète où, déjà, ce philtre ?)
  • Le moins : Beaucoup trop court ! 🙂

Postscriptum

Nina : 

Le prochain ! Le prochain !! J’adore nos LC Nath ! Vivement le prochain ! Et longue vie à cette échange 🙂

Nath :

Et voilà, Nina, encore une belle lecture commune qui s’achève ! Sache que j’y prend goût, à notre petit rendez-vous ! (Note de Nina : Moi aussi !!)

Défi Lecture Commune Classique #2 – « Phèdre » – Racine

Le Défi Lecture Commune Classique, petit rappel !

C’est une idée qui est venue initialement aux esprits torturés de Nina (Le Rest’o Littéraire) et Nath (Lectures du Dimanche) qui avaient tout à la fois envie de partager des lectures tout en souhaitant revoir leurs classiques ! C’est vrai que souvent, même si nous avons envie de (re)lire de bonnes vieilles lignes qui font l’histoire de cette passion de la lecture qui est la nôtre, nombre d’excuses viennent à notre secours pour remettre cela à plus tard. Alors si plusieurs lecteurs s’associent, ça devient un défi ! On se dit qu’on lit pour nous mais aussi pour échanger, partager… Nous avons donc décidé d’en faire un rendez-vous trimestriel ! Sachant que nous serions ravies d’accueillir d’autres bloggeurs, si le cœur vous en dit ! Précisons toutefois que nous n’avons pas la prétention de faire de l’analyse d’une œuvre classique, tout juste avons-nous l’envie d’en débattre avec nos avis de profanes…

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L’avis de Nina

OH MAGNIFICENCE !!!! Et oui, voilà le retour de mon exclamation mascotte, qui ici à tout à fait la cote au milieu des rimes langagière du temps d’hier ! Oui, bon d’accord, je suis bien loin de Racine ! Mais tout cela pour dire que je ne sais même pas comment illustrer le bonheur de lire cette œuvre. Un pur régal ! Que je pourrais relire mille fois, simplement pour la beauté des rimes et de cette histoire sombre et tragique si joliment dite…
L’histoire d’une Phèdre mise sous son meilleur profil volontairement par Racine, pour arrondir les contours et la rendre moins insupportable. Une Phèdre qui montre une haine sans précédent pour son beau-fils au point de vouloir le faire exiler, puis qui après tant d’années avoue un amour incestueux qui la tue à petit feu. Poussée par sa nourrice, elle avoue à son beau-fils, Hippolyte, son amour pour lui, pensant son mari mort. Hors celui-ci revient, sa mort n’étant qu’une rumeur et l’on voit Phèdre mourir de honte et laisser son beau-fils accusé d’inceste vis-à-vis d’elle. C’est l’histoire dramatique d’une femme au prise d’un amour interdit qui préfère faire accuser un innocent plutôt que de subir les conséquences de sa passion. C’est l’analyse du cœur de l’Homme et de son incapacité de contrôle face à la fatalité de ses passions… (Note de Nath : Hé, c’est que c’est joliment dit, ça, Madame !)
Racine en bon dramaturge et gratte-papier de son temps puise dans les ressources antiques et nous livre cette pièce, alliance magique de théâtre et de poésie. Où se joue devant nous un drame mythologique dans lequel on s’attend à tout instant à voir apparaître les chœurs suppliants de la guerre de Troie ! Un bel hommage rendu aux modèles des Anciens, à cette si chère antiquité perdue ! Que ce soit dans la référence à la mythologie ou encore dans le strict respect des doctes des Anciens (Ah ! Aristote quand tu nous tiens !).
En bref, un superbe travail d’écriture qui n’a pas pris une ride et qui témoigne de l’engouement encore prépondérant pour son auteur. Racine peut être heureux, en rapport à la longue querelle du XVIIème laissant la postérité choisir des bons auteurs et de la valeur de la littérature française, je pense que l’on sera tous d’accord sur celle à lui accorder ! En langage juvénile et contemporain, je dirai : Racine t’es au max !!! Haha 😉

L’avis de Nath

Extrait de ACTE I – Scène 1 – Personnages : HIPPOLYTE, THÉRAMÈNE
« THÉRAMÈNE :
Implacable ennemi des amoureuses lois,
Et d’un joug que Thésée a subi tant de fois ?
Vénus, par votre orgueil si longtemps méprisée,
Voudrait-elle à la fin justifier Thésée ?
Et, vous mettant au rang du reste des mortels,
Vous a-t-elle forcé d’encenser ses autels ?
Aimeriez-vous, seigneur ? »

Parodie de ACTE I – Scène 1 – Personnages : NINA, NATH
« NATH :
Implacable ennemi des si modernes lois,
Et d’un joug qu’étudiant, j’ai subi tant de fois,
Racine et ses talents, j’ai longtemps méprisé !
Voudrait-il à la fin m’accorder sa pitié ?
Et, me remettre au rang du reste des fidèles,
Qui jusqu’ici toujours l’ont lu avec grand zèle ?
Aimeriez-vous, Nina ?
Faire ceci avec moi ? »
(Note de Nina : Je ferai ceci avec toi autant qu’il te plaira ! Quel éloquence tu as !)
Quel plaisir, quel bonheur !
On n’en oublierait presque à quel point la langue française est riche, à quel point elle est belle ! J’aime les mots quand ils forment des histoires tordues à souhait, glauques et sanguinolentes… Mais Dieu que j’aime les mots quand, assemblés de la sorte, ils glissent et s’unissent dans un art poétique que j’ai tant aimé autrefois ! Comme lors de la première lecture classique, après la lecture de la première strophe, c’était comme avancer dans un grenier plein de toiles d’araignées… On arrive en haut avec la certitude de retomber sur de vieux trésors et, plein d’entrain, on fonce… Et on se fait arrêter par la première toile qui obscurcit la vue… Mais en deux ou trois foulées, on dépoussière et l’esprit y voit clair à nouveau… Bon, soyons totalement honnête… J’étais bien motivée à lire un soir pendant que les canons grondaient sur l’écran de télé où ma moitié regardait un film d’action… Mais je n’ai même pas tenu une page… Pour (re-)découvrir « Phèdre », il me fallait du calme ! Un calme… Olympien, tiens ! Voilà ce qui s’y prêtait le mieux ! (Vous aurez noté, j’espère, le jeu de mot d’une subtilité … douteuse ?).
Qu’en est-il de l’histoire ? Petite remise à niveau…
Phèdre, épouse de Thésée, est exilée à Trézène en compagnie de celui qui, semble-t-il aux yeux du monde, elle déteste : son beau-fils Hippolyte. Pourquoi elle le déteste ? Considération politique puisqu’elle a elle-même un fils qui pourrait, en l’absence de son père le Roi, se faire souffler le trône par son demi-frère, ce qui est moyennement du goût de sa mère… Sauf que… en vérité, Phèdre se consume d’amour pour Hippolyte ! Au point de vouloir en mourir ! De son côté, Hippolyte, dont le cœur semblait de pierre, est tombé amoureux d’Aricie… Compliqué, puisque celle-ci est la fille d’un clan ennemi dont les frères ont tous péri par l’épée de Thésée ! Alors qu’Hippolyte veut partir à la recherche de son père, on rapporte à Trézène que ce dernier est mort… La nourrice et confidente de Phèdre persuade alors celle-ci d’avouer son amour à Hippolyte afin qu’ils puissent régner ensemble… Phèdre avoue donc son amour à son beau-fils. Et c’est le moment précis que choisi Thésée pour revenir ! (Ben non, le coquin n’est pas mort !) La suite… Je spoile ou pas ? Je laisse le soin à Nina de trancher la question 😊 (Note de Nina : Nath JE T’ADORE !!! Tu es une perle !) (Note 2 : Bon j’ai spoilé haha)

Est-ce que l’histoire peut trouver sa place à notre époque ?

Nina :

En demi-teinte avec Nath, je dirai qu’effectivement le rapport à la mythologie annihile la possibilité de l’œuvre à trouver sa place dans notre temps. Dans une époque où Dieu est sans cesse remit en question, il est bien compliqué de faire une haie d’honneur aux divers dieux présents ici. En revanche, je pense que les thèmes abordés dans la pièce tels que l’amour incestueux, le jugement hâtif d’un innocent et la trahison sont bien malheureusement toujours à l’ordre du jour… Et comme l’a si bien soulevé Nath, la littérature romaine et grecque restent à découvrir en tout temps. Alors soutenons le oui tout en gardant un non partiel au coin de la tête 🙂

Nath :

Assurément non… Mais pire que cela, elle ne trouvait pas sa place à l’époque de Racine non plus ! Tout simplement parce que cette histoire, issue de la mythologie, met en scène des personnages qui ne sont finalement que le jouet des Dieux qui ont sur eux un pouvoir inhumain… Clans maudits, ancêtres divins… Tout cela n’était déjà plus contemporains de Racine mais bien d’Euripide ou d’Aristote… Pourtant, les tragédies grecques/romaines restent encore de nos jours de belles choses à voir et à revoir sur les planches… Alors finalement, si l’histoire trouve sa place à notre époque ? Assurément oui ! 🙂

Les petits « plus », les petits « moins » de cette lecture classique ?

L’avis de Nina :

  • Le plus : Des rimes somptueux qui laissent chaque page se dévorer en rêvant et en souriant !
  • Le moins : J’ai beau chercher, je ne trouve pas !!! Ah si ! Pas assez long ???! Ça marche ça ma Nath ?!! 🙂 (Note de Nath : Oui, ça marche, parce que c’est bien vrai !)

L’avis de Nath :

  • Le plus : Ecriture magistrale…
  • Le moins : Racine se permet quelques libertés sur les écrits originaux, mais comme c’est pour rendre Phèdre moins cruelle, on lui pardonne…

Postscriptum

Nina :

Que la littérature classique est bonne ! Vivement le prochain défi comme tu dis !

Nath :

C’était génial !!!! C’est quoi, le prochain ???

Le petit plus pour les fidèles : La préface de Racine himself ! (by Nath)

« Voici encore une tragédie dont le sujet est pris d’Euripide. Quoique j’aie suivi une route un peu différente de celle de cet auteur pour la conduite de l’action, je n’ai pas laissé d’enrichir ma pièce de tout ce qui m’a paru le plus éclatant dans la sienne. Quand je ne lui devrais que la seule idée du caractère de Phèdre, je pourrais dire que je lui dois ce que j’ai peut-être mis de plus raisonnable sur le théâtre. Je ne suis point étonné que ce caractère ait eu un succès si heureux du temps d’Euripide, et qu’il ait encore si bien réussi dans notre siècle, puisqu’il a toutes les qualités qu’Aristote demande dans le héros de la tragédie, et qui sont propres à exciter la compassion et la terreur. En effet, Phèdre n’est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente. Elle est engagée, par sa destinée et par la colère des dieux, dans une passion illégitime, dont elle a horreur toute la première. Elle fait tous ses efforts pour la surmonter. Elle aime mieux se laisser mourir que de la déclarer à personne, et lorsqu’elle est forcée de la découvrir, elle en parle avec une confusion qui fait bien voir que son crime est plutôt une punition des dieux qu’un mouvement de sa volonté. J’ai même pris soin de la rendre un peu moins odieuse qu’elle n’est dans les tragédies des Anciens, où elle se résout d’elle-même à accuser Hippolyte. J’ai cru que la calomnie avait quelque chose de trop bas et de trop noir pour la mettre dans la bouche d’une princesse qui a d’ailleurs des sentiments si nobles et si vertueux. Cette bassesse m’a paru plus convenable à une nourrice, qui pouvait avoir des inclinations plus serviles, et qui néanmoins n’entreprend cette fausse accusation que pour sauver la vie et l’honneur de sa maîtresse. Phèdre n’y donne les mains que parce qu’elle est dans une agitation d’esprit qui la met hors d’elle-même, et elle vient un moment après dans le dessein de justifier l’innocence et de déclarer la vérité. Hippolyte est accusé, dans Euripide et dans Sénèque, d’avoir en effet violé sa belle-mère : vim corpus tulit. Mais il n’est ici accusé que d’en avoir eu le dessein. J’ai voulu épargner à Thésée une confusion qui l’aurait pu rendre moins agréable aux spectateurs. Pour ce qui est du personnage d’Hippolyte, j’avais remarqué dans les Anciens qu’on reprochait à Euripide de l’avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection ; ce qui faisait que la mort de ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse qui le rendrait un peu coupable envers son père, sans pourtant lui rien ôter de cette grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans l’accuser. J’appelle faiblesse la passion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et la sœur des ennemis mortels de son père. Cette Aricie n’est point un personnage de mon invention. Virgile dit qu’Hippolyte l’épousa, et en eut un fils, après qu’Esculape l’eut ressuscité. Et j’ai lu encore dans quelques auteurs qu’Hippolyte avait épousé et emmené en Italie une jeune Athénienne de grande naissance, qui s’appelait Aricie, et qui avait donné son nom à une petite ville d’Italie. Je rapporte ces autorités, parce que je me suis très scrupuleusement attaché à suivre la fable. J’ai même suivi l’histoire de Thésée, telle qu’elle est dans Plutarque. C’est dans cet historien que j’ai trouvé que ce qui avait donné occasion de croire que Thésée fût descendu dans les enfers pour enlever Proserpine, était un voyage que ce prince avait fait en Epire vers la source de l’Achéron, chez un roi dont Pirithoüs voulait enlever la femme, et qui arrêta Thésée prisonnier, après avoir fait mourir Pirithous. Ainsi j’ai tâché de conserver la vraisemblance de l’histoire, sans rien perdre des ornements de la fable, qui fournit extrêmement à la poésie ; et le bruit de la mort de Thésée, fondé sur ce voyage fabuleux, donne lieu à Phèdre de faire une déclaration d’amour qui devient une des principales causes de son malheur, et qu’elle n’aurait jamais osé faire tant qu’elle aurait cru que son mari était vivant. Au reste, je n’ose encore assurer que cette pièce soit en effet la meilleure de mes tragédies. Je laisse aux lecteurs et au temps à décider de son véritable prix. Ce que je puis assurer, c’est que je n’en ai point fait où la vertu soit plus mise en jour que dans celle-ci. Les moindres fautes y sont sévèrement punies ; la seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause ; et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et haïr la difformité. C’est là proprement le dut que tout homme qui travaille pour le public doit se proposer, et c’est ce que les premiers poètes tragiques avaient en vue sur toute chose. Leur théâtre était une école où la vertu n’était pas moins bien enseignée que dans les écoles des philosophes. Aussi Aristote a bien voulu donner des règles du poème dramatique, et Socrate, le plus sage des philosophes, ne dédaignait pas de mettre la main aux tragédies d’Euripide. Il serait à souhaiter que nos ouvrages fussent aussi solides et aussi pleins d’utiles instructions que ceux de ces poètes. Ce serait peut-être un moyen de réconcilier la tragédie avec quantité de personnes célèbres par leur piété et par leur doctrine, qui l’ont condamnée dans ces derniers temps et qui en jugeraient sans doute plus favorablement, si les auteurs songeaient autant à instruire leurs spectateurs qu’à les divertir, et s’ils suivaient en cela la véritable intention de la tragédie.»